Les chiffres restent élevés. Au troisième trimestre 2024, 13.217 entreprises françaises ont encore fait défaut, selon les données publiées mardi par le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ). Le niveau de sinistralité est un peu inférieur à celui du trimestre précédent où 16.224 procédures avaient été ouvertes. « Le mois d'août est traditionnellement un mois plus calme en raison de la fermeture des tribunaux de commerce en août, cela a compensé les chiffres presque record de juillet. Il faudra voir si ce léger fléchissement se confirme à l'automne », tempère François Desprat, le président du CNAJMJ.

En attendant, au-delà d'un simple rattrapage, le nombre de défaillances reste bien supérieur à ceux enregistrés avant le Covid-19 : chaque mois, 4.406 défauts sont, en moyenne, constatés, soit 750 de plus qu'avant la pandémie.

Plus de 63.000 défauts sur un an

Le bilan n'est guère réjouissant : près de 46.900 entreprises ont été emportées au cours des neuf derniers mois, soit une progression de 19% par rapport à la période similaire 2023. Sur un an glissant, 63.400 sont désormais touchées, un chiffre qui se rapproche du record enregistré en 2009.

« Dans une conjoncture morose, elles continuent d'être prises en étau, entre une demande atone et des charges financières élevées », observe Julien Lecumberry, économiste senior au Crédit Mutuel Arkéa. Dans ce contexte, les trésoreries se dégradent, les délais de paiement s'allongent.

Par ailleurs, l'Urssaf a repris les assignations qu'elle avait stoppées entre 2020 et le premier semestre 2023, « ce qui se traduit par des ouvertures massives de procédures », relève François Desprat. Si certaines grosses PME ou ETI (entreprises de taille intermédiaire) chutent, l'essentiel de l'hécatombe (94 %) touche de toutes petites entreprises, de moins de 10 salariés, souvent sans activité. « De ce fait, cela n'a d'incidence ni sur l'emploi ni sur l'activité », souligne le président du CNAJMJ.

Le pic atteint début 2025 ?

Le nombre d'emplois menacés par ces défauts reste d'ailleurs relativement contenu au regard de l'augmentation des défaillances, estimées à 144.470 depuis le début de l'année, dont 10.000 liées au placement en liquidation judiciaire de Milee, spécialisée dans la distribution de prospectus.

Par secteur, les difficultés continuent sans surprise de déferler sur les « activités immobilières » : 200 agences ont fait défaut pendant l'été, soit un bond de 25 % comparé à la même période de 2023. Le transport-entreposage est également touchée (+27 %) tout comme les secteurs de l'information-communication (+17 %) ou l'hébergement-restauration (+12 %). Selon les économistes de Crédit Mutuel Arkéa, les défaillances vont continuer de progresser jusqu'au premier trimestre 2025. A ce moment-là, le pic serait atteint avec environ 66.500 défauts sur un an. Puis, la courbe s'inverserait.

« L'étau va se desserrer : avec le recul de l'inflation, la demande intérieure va, selon nous, se redresser, les charges vont se stabiliser », explique Julien Lecumberry. Selon l'expert, cette décrue des défaillances sera un catalyseur pour la reprise de l'investissement dans le pays.