L'Insee a publié lundi une étude sur les déterminants de la pauvreté laborieuse.Elle montre que l'échappatoire aux trappes à bas salaires passe surtout par un moindre recours au temps partiel.
L'Insee a publié lundi une étude sur les déterminants de la pauvreté laborieuse.Elle montre que l'échappatoire aux trappes à bas salaires passe surtout par un moindre recours au temps partiel.
La pauvreté laborieuse, une question de durée de travail plus que de salaire horaire ? Alors que le sujet du pouvoir d'achat et, de manière corollaire, celui d'une augmentation du SMIC ont concentré une grande partie des débats des élections législatives, l'Insee apporte un éclairage important sur les déterminants et voies de sortie pour les millions de travailleurs qui peinent à joindre les deux bouts.
Publié dans le cadre de l'édition 2024 de « La Revue consacrée à l'emploi, au chômage et aux revenus du travail », cet éclairage s'intéresse aux millions de salariés du privé dits « à bas revenus salariaux » de 2011-2019. En clair, à toutes celles et ceux de 24 à 62 ans dont les fiches de paye annuelle étaient dans les 20 % les plus faibles durant deux années consécutives sur la période considérée. Soit, en 2019, moins de 12.360 euros net (1.030 mensuels en moyenne), à comparer au salaire médian de 21.150 euros cette année-là.
Situations variées
L'indigence du revenu salarial tient à un salaire horaire faible et/ou à un nombre d'heures travaillées limitées. Ce dernier facteur recouvrant des situations variées, rappelle l'auteur de l'éclairage, Emmanuel Berger (Dares). Cela va de l'étudiant qui prend des « petits boulots », au retraité qui a besoin d'un complément de fin de mois, en passant - c'est le gros des troupes - par tous les salariés (femmes majoritairement, et, dans des TPE, plus fréquemment femmes et hommes mélangés) qui occupent une vingtaine de professions bien identifiées : nettoyeuse, aide à domicile, vendeuse, cuisinier, livreur, manutentionnaire non qualifié, etc.Toujours en 2019, la moitié des salariés à bas revenus salariaux ont travaillé moins de 755 heures, contre 1.813 heures pour tous les salariés (quasiment une année à temps plein à raison de 35 heures par semaine). « Toutes choses égales par ailleurs, un salarié à temps partiel a une probabilité d'avoir un bas revenu salarial environ cinq fois plus élevée que celle d'un salarié à temps plein », avance Emmanuel Berger.
Surreprésentation de certains métiers mal payés
En remontant le temps, l'étude montre que près de la moitié (46 %) des salariés du privé qui étaient dans une situation de bas revenus en 2011 alors âgés de 25 à 54 ans (*), l'était toujours en 2019. Notamment, 13 % d'entre eux le sont restés continûment. En cause, une surreprésentation de certains métiers mal payés - service aux particuliers, ouvrier non qualifié, artiste, etc. - et, toujours, un recours au temps partiel très majoritaire. En revanche, ces salariés « enfermés » dans les bas revenus salariaux ne l'ont pas été à cause de longues périodes non travaillées, 70 % d'entre eux ayant travaillé toute l'année en 2019, une proportion comparable à celle de l'ensemble des salariés, poursuit la Dares.L'autre moitié, et même un peu plus (54 %), a trouvé une échappatoire, avec des gains variables sur leurs fiches de paye. Parmi ceux, un sur dix, qui s'en sont sortis durablement en accédant aux 40 % de revenus les plus élevés, c'est l'augmentation du volume d'heures travaillées qui a le plus joué, plus que celle du salaire horaire. « Les salariés qui sortent des bas revenus salariaux sont plus fréquemment devenus cadres et ont plus souvent rejoint les secteurs de l'industrie ou des services mixtes », complète l'étude. (*) Ils avaient donc au moins 24 ans en 2010 et au plus 62 ans en 2019.