En 2023, 77 % des personnes âgées de plus de 50 ans ayant pris leur retraite étaient en emploi au moment de liquider leurs droits, qu'elles aient atteint les conditions requises, l'âge maximal ou qu'elles aient été mues par des contraintes de santé ou familiales. Parmi elles, 87 % ont raccroché. Les autres (13 %) ont décidé de poursuivre leur carrière professionnelle.
Quels sont leurs profils ? Leurs motivations ? Dans l'édition 2024 de son étude sur l'emploi, le chômage et les revenus du travail, l'Insee apporte des réponses inédites à même d'éclairer les débats dans l'hypothèse d'une remise en cause de la dernière réforme des retraites.
L'analyse par niveau de qualification montre que les seniors qui restent en poste sont moins nombreux parmi les actifs peu ou pas diplômés (9 %) que parmi ceux diplômés du secondaire (12 %) et surtout du supérieur (18 %).
« Par ailleurs, les personnes qui ont liquidé leurs droits à la retraite à l'âge de 63 ans ou plus continuent plus souvent de travailler dans les six mois qui suivent (18 %) », soulignent les auteurs de l'étude, Eliette Castelain, Aurélie Delaporte, et Nathan Rémila.
Un salarié sur dix
La poursuite d'une activité professionnelle concerne un tiers des indépendants toujours dans les six mois suivant le début de la perception de leur pension. Cela concerne surtout les commerçants (33 %) et dans une moindre mesure les artisans (25 %) ou les agriculteurs (23 %). Pour une partie d'entre eux, retraite est synonyme de vente de l'outil de travail, laquelle n'est pas totalement prévisible. Plus encore, 42 % des professions libérales, en moyenne plus diplômées, continuent à travailler après la liquidation de leurs droits.Côté salarié, un sur dix a choisi de jouer les prolongations, davantage chez les cadres (12 %) que les ouvriers (7 %), notamment ceux de l'industrie (3 %). Une proportion légèrement supérieure (12 %) des employés leur a emboîté le pas. Ils ont été un sur cinq parmi les personnels de services directs aux particuliers. Et même 26 % des assistants maternels
« pour qui il est sans doute plus facile de diminuer leur activité de façon plus progressive au fil du temps, en prolongeant leur activité auprès des particuliers qui les emploient ». Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, les femmes travaillent moins au-delà de leur retraite, 11 % contre 15 % pour les hommes, ces derniers étant plus souvent cadres ou indépendants. Toutes et tous se répartissent en deux groupes principaux selon leurs motivations.Le premier groupe, mû par la nécessité de percevoir un revenu complémentaire, représente 38 % des intéressés. Près de deux tiers sont des salariés ouvriers, des employés ou des professions intermédiaires. En cause, un emprunt immobilier en cours ou un enfant toujours à charge. Ceux du deuxième groupe, à peu près identique en taille (36 %), mettent en avant la satisfaction tirée de leur travail. Indépendants et cadres y sont davantage représentés, diplômés du supérieur aussi incidemment.Dans le tableau des motivations au cumul emploi-retraite il faut rajouter les cas du conjoint ou de la conjointe toujours en poste (5 %), ou encore du dernier emploi occupé bien payé (2 %). Dans près d'un cas sur cinq, aucune raison n'est avancée, précise l'Insee.