Comme beaucoup de ses confrères entrepreneurs, c'est l'ennui dans sa vie de salarié qui a poussé Anthony Berniau à lancer sa propre affaire. Coiffeur depuis l'âge de 17 ans, l'homme originaire du Cher a grimpé tous les échelons, d'apprenti à gestionnaire de salon pour Sainte-Algue. Si son métier lui plaît, l'homme âgé aujourd'hui de 34 ans supporte mal la routine : « J'avais l'impression d'être dans une prison dorée, à force d'exercer toujours dans le même environnement », soupire le coiffeur.Quoi de mieux qu'un camion pour casser ce quotidien monotone ? L'idée lui est soufflée par un ami sur le ton de la blague, mais elle germe dans la tête du coiffeur en recherche d'un nouveau terrain de jeu. Il choisit donc de s'inspirer des food trucks, ces camions à la mode qui se transforment en point de vente de restauration.
Nouer des partenariats
« Je n'avais aucun modèle dans mon métier, je suis parti d'une feuille blanche pour penser mon concept », assure l'entrepreneur. Pour la conception, il a fait appel à une entreprise spécialisée dans l'aménagement de véhicules professionnels. En résulte un petit engin autonome en électricité et en eau, et qui nécessite un simple permis B pour être conduit.La configuration du camion ne lui permet pas de coiffer plus de deux clients simultanément, ni de travailler avec quelqu'un d'autre. Le coiffeur ne communique pas sur la somme qu'il a investie pour lancer son affaire, tout en précisant qu'il l'a financé sur ses fonds propres et à l'aide d'un prêt bancaire.Une fois en possession des clefs du camion, le plus dur a commencé : « Le nerf de la guerre, pour tout concept ambulant, c'est de trouver des emplacements ». L'homme se lance donc dans une campagne de démarchage des commerces du coin, auprès desquels il loue des emplacements.Mais pour sécuriser ses points de chute et se garantir un minimum de clients, il noue également des partenariats avec des entreprises comme pourrait le faire un food truck : contre une somme d'argent fixe, l'entrepreneur offre une ristourne aux employés. Tous les mardis, il coupe exclusivement les cheveux des collaborateurs du parc d'attractions Disneyland Paris, situé à Chessy en Seine-et-Marne. Parmi ses autres clients, l'entrepreneur compte Air Liquide ou les hôpitaux privés Ramsay : « Quand vous vous plaisez à un endroit et que cela fonctionne, autant faire durer la relation commerciale le plus longtemps possible ! »Deux fois moins de charges
Ayant dirigé un salon mobile et des salons sédentaires, Anthony Berniau est formel : « De manière générale, le camion est bien plus rentable que le salon. Les charges sont deux fois moins élevées que dans mes anciens salons. Pas besoin de prendre en compte le coût exorbitant de la location en région parisienne, qui n'a rien à voir avec les droits d'emplacements que je verse aux sociétés dont j'occupe le parking ». L'entrepreneur fait aussi des économies sur les salaires, puisqu'il travaille seul. Avec ce mode de fonctionnement, il dégage un chiffre d'affaires qui tourne autour des 8.000 euros mensuels, en travaillant 5 à 6 jours par semaine.Avoir fait le choix d'être nomade permet aussi au coiffeur d'optimiser sa rentabilité, en se concentrant sur les endroits qui drainent le plus de clients. « L'originalité du concept attire l'oeil », raconte l'entrepreneur. Anthony Berniau avait envisagé dans un premier temps de développer son concept en franchise. Mais l'entrepreneur souhaite désormais opter pour un système de location, plus simple à mettre en place : « L'idée est d'acheter un second camion tout équipé et de le louer clé en main à un coiffeur aguerri qui souhaite se lancer, afin de ne pas avoir à prendre en charge la formation », explique le coiffeur.