La voie vers une inflation refluant à 2 % n'est pas un long fleuve tranquille. Les prix ont augmenté de 2,6 % en juillet sur un an dans la zone euro, contre 2,5 % le mois précédent, a annoncé Eurostat mercredi matin. Rien de grave puisque de tels petits à-coups sont déjà arrivés ces derniers mois. Mais voilà qui montre que l'inflation ne baisse pas si facilement, ce qui pourrait pousser les « faucons » de la Banque centrale européenne (BCE), ces membres du conseil des gouverneurs qui ne veulent pas entendre parler d'assouplissement de la politique monétaire, à s'opposer à toute baisse de taux en septembre. Pourtant, ce sont surtout les prix de l'énergie qui expliquent cette petite remontée de l'inflation. D'abord, les prix du gaz ont été relevés début juillet en France. Ensuite, depuis un an et demi, le choc de la guerre en Ukraine étant passé, les prix de l'énergie reculaient et participaient donc à réduire l'inflation globale. Ce n'est plus le cas. Calculé en euros, le prix du baril de pétrole Brent, la qualité de la mer du Nord, est aujourd'hui plus cher qu'il y a un an.

L'affaiblissement de la monnaie unique face au dollar, les tensions géopolitiques et la reprise de l'économie expliquent cette hausse. Si la BCE peut jouer sur le taux de change de l'euro, elle ne peut en revanche pas grand-chose contre les variations des prix énergétiques.

La conjoncture se dégrade

Hormis l'énergie, la plupart des prix stagnent ou baissent très faiblement. C'est le cas dans les services et dans l'alimentation dont le prix est quasi stable. En Allemagne et en France, l'inflation a légèrement grimpé en juillet. Mais dans d'autres pays, tels que l'Italie, la Grèce ou encore la Belgique, les prix ont augmenté relativement vite.

Tout ceci tend à prouver que les pressions sous-jacentes sur les prix restent fortes. Ainsi, dans la dernière étude qui date de la mi-juillet du cabinet Indeed, les hausses de rémunérations sont encore fortes dans la zone euro et seraient comprises entre 4,3 % et 5 % au deuxième trimestre sur un an.

Le problème de la BCE et plus généralement de l'économie européenne, c'est que ces chiffres d'inflation « contrastent avec la récente détérioration des perspectives de croissance et du marché du travail de la zone euro, selon les dernières enquêtes de conjoncture, qui penchaient en faveur d'une baisse des taux », souligne Ricardo Amaro, économiste chez Oxford Economics. Cette dégradation des anticipations des chefs d'entreprise européens plaide pour une baisse des taux de la BCE en septembre prochain, mais la résistance de l'inflation, elle, pourrait inciter l'institution de Francfort à la prudence.

Pour Peter Vanden Houte, économiste chez ING, « les dernières données ne permettent pas de confirmer à la BCE que la bataille contre l'inflation est gagnée. Cela dit, les données d'enquête suggèrent toujours que la tendance à la baisse de l'inflation va probablement se poursuivre. Et il faut garder à l'esprit qu'au niveau actuel, les taux d'intérêt signifient toujours que la politique monétaire est restrictive. » En clair, il est risqué pour la BCE de ne rien faire et d'attendre que la conjoncture se dégrade.