Pour une entreprise, réduire ses émissions de gaz à effet de serre ne relève pas seulement de l'action citoyenne face à l'urgence de la crise climatique. Selon l'enquête annuelle du Boston Consulting Group (BCG) et CO2 AI sur les bilans carbone, elle peut aussi y trouver un intérêt sonnant et trébuchant : 25 % des 2.000 entreprises interrogées ont déclaré que leur décarbonation leur avait apporté des bénéfices annuels de plus de 7 % de leurs revenus.

« C'est un résultat tout à fait significatif, correspondant en moyenne à 200 millions de dollars de bénéfice net après investissements », indique Francesco Bellino, directeur associé au BCG à Paris. Le cabinet a interrogé des entreprises de toutes tailles (à partir de 1.000 salariés et 100 millions de dollars de chiffre d'affaires) et de tous secteurs dans 26 pays, qui selon ses calculs représentent 45 % des émissions de gaz à effet de serre. « Toutes les entreprises n'ont pas constaté des bénéfices aussi élevés, mais la plupart ont enregistré des gains grâce à leurs efforts de décarbonation : seules 10 % d'entre elles déclarent n'en avoir constaté aucun », indique aussi Francesco Bellino.

Economies d'énergie

Ces profits viennent pour la plupart d'entre elles (44 %) des économies réalisées sur l'énergie utilisée et grâce à leurs efforts de sobriété ou de circularité sur leurs matières premières. Elles ont aussi évité des hausses de taxes (42 %), dans les zones où des taxes carbone ont été mises en place. Enfin, certaines (37 %) ont bénéficié de revenus supplémentaires, grâce à l'argument d'une empreinte carbone réduite de leur produit.Les entreprises qui ont pris le problème à bras-le-corps, et qui se sont dotées de moyens, sont les plus susceptibles d'avoir été récompensées financièrement. « Celles qui ont mis en place des plans de transitions précis et bien construits à 2030 ont trois fois plus de chances d'en tirer des bénéfices », indique Francesco Bellino. « Pour celles qui calculent l'empreinte carbone de leurs produits, c'est 4 fois plus. Et cela va jusqu'à 4,5 fois plus, si elles recourent à l'intelligence artificielle. »

Pourtant, les entreprises sont encore trop peu nombreuses à s'être sérieusement attaquées à leur bilan carbone. Selon l'étude, seules 9 % calculent de façon exhaustive leurs émissions sur les scopes 1 (émissions de l'activité elle-même), 2 (émissions indirectes liées à l'énergie) et 3 (tous les autres processus induits), y compris, donc, les émissions de leurs fournisseurs et de leurs clients ; à peine 16 % se sont fixé des objectifs sur les trois scopes, et 11 % ont atteint leurs objectifs.

« Ces chiffres sont inférieurs à ceux de l'an dernier, observe Francesco Bellino. La barre monte : il s'agit maintenant d'actionner des leviers plus compliqués. » Stimulées par un certain volontarisme politique, les entreprises chinoises, brésiliennes et indiennes font plutôt partie des bons élèves, devant les entreprises européennes.