Dans les pays développés, le chemin vers l'égalité femmes-hommes reste semé d'embûches, particulièrement sur le marché du travail. C'est l'un des constats dressés par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport « Agir ensemble pour l'égalité des genres. Quelles priorités ? » publié début mai. Malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies dans les 38 pays de l'OCDE sur la transparence salariale ou les congés paternité notamment, d'importants défis sont encore à relever, à l'instar de l'insertion des femmes sur le marché de l'emploi.

Selon le rapport, il y aurait plus de femmes que jamais sur le marché du travail. En 2021, elles étaient 64,6 % à être employées contre 55,7 % en 2000. Pourtant, elles restent toujours moins nombreuses que leurs homologues masculins, employés à 75,1 % en 2021, et sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel. En moyenne en 2021, elles sont 24,6 % à ne pas travailler à temps plein, contre seulement 9,8 % d'hommes.

« Un potentiel économique énorme »

En 2021, à travers les pays de l'OCDE, le taux d'emploi des hommes était en moyenne 10,4 % plus élevé que celui des femmes, soit 2,2 % de moins qu'en 2010. Si ces dernières années, cet écart tend à se réduire, le rythme de cette baisse est beaucoup plus faible qu'auparavant, approchant la stagnation. La part de femmes éloignées du travail reste malgré tout importante. « Ces femmes qui ne travaillent pas représentent un potentiel économique énorme », estime Anna Brandt, ambassadrice suédoise de l'OCDE, qui plaide pour des politiques gouvernementales plus poussées en faveur de l'emploi des femmes.

Marqueur incontournable des inégalités de genre dans le monde professionnel, « l'écart salarial entre les hommes et les femmes reste obstinément élevé à travers les pays de l'OCDE », déplore Ulrik Vestergaard Knudsen, secrétaire général adjoint de l'Organisation. Si l'écart salarial s'est progressivement réduit au fil des années, atteignant 12 % en moyenne dans les pays de l'OCDE en 2021 contre 18,1 % en 2000, aucun pays de l'OCDE n'a aujourd'hui atteint l'égalité salariale.

Plafonds de verre

Les barrières à l'entrée du marché du travail restent tenaces. Les plafonds de verre privent encore les femmes de certains postes à responsabilité et la persistance d'une répartition genrée du travail tient encore de nombreuses femmes éloignées du marché du travail. Elles consacrent en moyenne deux fois plus de temps que les hommes au travail domestique non rémunéré dans les pays de l'OCDE.Selon l'Organisation, l'éducation - constitutive des inégalités qui se retrouvent sur le marché du travail - devrait être une des priorités des politiques publiques. Si les femmes ont, en moyenne, un niveau d'études supérieur à celui des garçons, elles sont sous-représentées dans les filières des sciences, des technologies, de l'ingénierie et des mathématiques, secteurs qui offrent les meilleurs débouchés professionnels.