Une crise des vocations chez les professeurs, un niveau des élèves qui dégringole en français et en mathématiques, une valse permanente des ministres, un budget jugé insuffisant en interne… L'Education nationale traverse une crise aussi profonde que durable.Il serait illusoire de penser que l'intelligence artificielle résoudra tous ses problèmes. Mais cette technologie porte les espoirs d'un renouveau pédagogique et est au coeur des échanges à Educatech Expo, le Salon des professionnels de l'innovation éducative, qui se tient à Paris depuis le 13 septembre jusqu'à ce vendredi.

« Il y a un foisonnement de projets », constate Marie-Christine Levet, associée du fonds Educapital et coautrice d'un rapport sur l'impact de l'IA dans l'éducation. « Nous ne sommes qu'au tout début de cette révolution. Et, comme toujours, il y aura des vainqueurs et des perdants », tempère-t-elle.

Certaines jeunes pousses concentrent leur attention sur le personnel enseignant. C'est le cas de Nolej AI, qui permet d'« utiliser des ressources et de les transformer de façon automatique en contenus pédagogiques », détaille Nejma Belkhdim, sa dirigeante. Grâce à cette solution, l'enseignant peut obtenir en quelques minutes des vidéos, des glossaires de mots, des quiz ou des résumés pour les élèves.A l'occasion du Salon, Nolej AI a dévoilé une nouvelle fonctionnalité qui intègre plusieurs contenus en même temps dans son moteur et aide à définir des objectifs pédagogiques. « Avec ce guidage, on va avoir des contenus personnalisés », se réjouit la dirigeante. Or, « l'hypersonnalisation, c'est le Graal dans l'Education », rappelle Marie-Christine Levet.De son côté, Logbook facilite la correction de copies, une tâche fastidieuse et chronophage. « La meilleure façon d'aider les élèves, c'est d'aider les enseignants », plaide sa fondatrice, Axelle Lhermitte. La jeune pousse a développé un outil qui permet d'enregistrer un commentaire à l'oral après la relecture d'un devoir, de le retranscrire automatiquement à l'écrit et d'afficher une prénotation en fonction des objectifs visés. « L'enseignant a toujours la main pour modifier », précise la dirigeanteLa start-up veut offrir des retours plus efficaces aux élèves, qui ont accès à toutes leurs corrections en ligne sur une interface et peuvent mieux mesurer leur progression au fil des mois. Lancée en septembre, la solution est directement achetée par des professeurs ou via leurs établissements, au titre des ressources pédagogiques.

Une solution de soutien scolaire en ligne

Les tuteurs IA sont aussi en vogue. En 2024, Lancelot Gulian a cofondé Eliott, une solution de soutien scolaire en ligne. L'objectif ? Démocratiser cette activité coûteuse et concentrée principalement dans les grandes villes. « Nous avons 25 matières au sein de l'application », rappelle son fondateur. L'élève a un coach perso dans la poche et peut ainsi être accompagné 24 heures sur 24, sept jours sur sept.Sans surprise, le soutien en mathématique est le plus sollicité. Et pas question de mâcher le travail ! « Eliott ne donne pas la réponse, mais aide à la résolution d'exercices », glisse le dirigeant. Comme les autres start-up de l'edtech, Eliott se présente en partenaire de l'Education nationale. « Rien ne remplacera l'instruction d'humain à humain », observe Lancelot Gulian.

Convaincre les clients

Edailabs, pour sa part, développe un avatar, modélisé sur l'esthétique des films d'animation, qui enseigne les langues étrangères. Son dirigeant est Etienne Genvrin, un polyglotte qui avait déjà fondé Speekoo.De son côté, Jérôme Pesenti (ex-IBM et Meta) a fondé à New York SizzleAI, une jeune pousse qui utilise l'IA pour proposer un parcours adapté à l'apprenant, quel que soit son âge et la discipline.Si les innovations se multiplient, l'enjeu de ces start-up sera de convaincre les clients - c'est-à-dire les parents d'élèves ou les institutions scolaires. Dans le passé, les jeunes pousses EvidenceB et Lalilo ont, par exemple, été sélectionnées dans le cadre des P2IA (partenariats d'innovation en intelligence artificielle) avec l'Education nationale. Mais la filière en attend davantage pour décoller. « Cela avance, mais un peu trop doucement à notre goût », juge Marie-Christine Levet.