En 2022 et 2023, déjà, elles avaient bondi, avec une hausse d'un tiers chaque année. Le rythme de progression a certes été divisé par deux sur les six premiers mois de 2024 par rapport à la même période de 2023, à +18,4 %. Mais le niveau constaté « se rapproche des niveaux record atteints en France il y a une dizaine d'années », souligne l'observatoire. Et avant la pandémie, l'heure était à la décrue de la sinistralité, le nombre de nouvelles indemnisations étant descendu autour de 45.000 en 2019.
« Plus de 180 entrepreneurs chaque jour »
« Pour la personne qui sera désignée Premier ministre dans quelques jours, la lutte contre la perte d'emploi des dirigeants d'entreprise devra être un sujet prioritaire ! Plus de 180 entrepreneurs perdent leur emploi chaque jour depuis le début de l'année », estime Anthony Streicher, président de l'association GSC, gérée par les trois organisations patronales. Cette dégradation est à mettre en relation avec la poussée des défaillances d'entreprises identifiée par les administrateurs et les mandataires judiciaires. Entre janvier et juin, le nombre global de défauts a progressé de 18 % par rapport au premier semestre 2023. Il avoisine les 33.500, un chiffre supérieur de 20 % au niveau moyen constaté en 2018 et 2019.
Les professions libérales font exception, avec une baisse des ouvertures d'indemnisation (les effectifs ne sont pas suffisamment significatifs chez les dirigeants de sociétés anonymes et de sociétés en nom collectif). A l'opposé, c'est chez les dirigeants de sociétés par action simplifiée - qui constituent le gros des troupes (quelque 46 %) - que la progression est la plus notable, à +28,7 %, devant les artisans et commerçants (+22,6 %).Sectoriellement, c'est la construction qui paie le plus lourd tribut, le nombre de ses chefs d'entreprise ayant demandé à être indemnisés a augmenté de 34,2 % au premier semestre, devant le secteur du commerce (+15 %). Les patrons de très petites entreprises (moins de 5 salariés) demeurent les plus touchés, représentant 9 pertes d'emploi sur 10. Mais le nombre de gérants d'entreprises de 6 à 9 salariés a connu une forte poussée (+40,2 %) et ceux de structures de 10 à 19 salariés ne sont pas loin derrière, à +31,1 %. « Ces entreprises ont des structures financières insuffisantes qui les fragilisent : masse salariale lourde, difficultés à rivaliser sur les appels d'offres, à financer leur développement ou encore à rembourser la dette Covid qui pèse sur la trésorerie », selon l'observatoire. « Les entrepreneurs à la tête de structures dont le chiffre d'affaires est inférieur à 500.000 euros représentent près des trois-quarts (76,5 %) des femmes et hommes touchés (12.715), confirmant la fragilité des petites structures ».