Voilà au moins une bonne nouvelle pour le prochain gouvernement. Selon les dernières estimations de l'Insee publiées lundi, l'inflation devrait tomber à 1,6 % en décembre prochain, ce qui serait un quasi-retour à la normale. Un plus bas serait même atteint en novembre, à 1,4 %. En 2024, la hausse des prix s'établirait à 2,1 % en moyenne annuelle, un chiffre inférieur de 0,4 point à celui que prévoyait le gouvernement sortant au printemps.La désinflation se poursuit plus rapidement que prévu, reconnaissent les prévisionnistes de l'Insee. En juillet dernier, ils estimaient que l'inflation finirait l'année autour de 1,9 %. Mais depuis, les experts ont été surpris par des baisses de prix qu'ils n'attendaient pas dans les télécoms - où la concurrence fait rage entre opérateurs - et dans le transport. Au-delà, la nette décélération de l'inflation qui est repassée sous la barre des 2 % en août, selon l'estimation provisoire de l'Insee, tient surtout au recul continu des cours du baril de Brent depuis la mi-juillet favorisé par le ralentissement de l'économie chinoise.

Dans ses nouvelles prévisions, l'Insee a ainsi pris pour hypothèse un cours du baril figé de façon conventionnelle à 78 dollars jusqu'à la fin de l'année, contre un prix moyen de 85 dollars retenu dans la note de conjoncture de juillet. Depuis vendredi, il affiche même un prix encore plus bas, autour de 71 dollars, un plus bas depuis décembre 2021.

« C'est une bonne nouvelle pour l'économie française », souligne Dorian Roucher, chef du département conjoncture de l'Insee. Alors que la France achète à d'autres pays l'essentiel de son gaz et de son pétrole, cette accalmie sur les prix réduit le montant du chèque qu'elle fait à l'étranger. L'allègement de la facture profite aussi aux particuliers comme aux entreprises en améliorant le pouvoir d'achat s'agissant des premiers, et les marges pour les secondes.A 1,61 euro le litre, le gazole renoue ainsi avec des niveaux de prix de janvier 2022, avant le déclenchement des hostilités en Ukraine. Ce qui devrait apporter une bouffée d'oxygène à de nombreux Français, en premier lieu les moins aisés ainsi qu'aux habitants des zones rurales qui, relativement à leur revenu disponible, ont été les plus touchés par l'explosion des prix du carburant et du fuel, en dépit des aides d'urgence mises en place à l'époque par le gouvernement.

L'inflation des services tirée par les salaires

Selon l'Insee, les effets positifs de la baisse des prix du pétrole devraient être limités par la hausse « tendancielle » du prix du gaz en Europe ces derniers mois en raison du regain de tensions entre l'Ukraine et la Russie. En tenant compte de toutes les hypothèses retenues, « la progression sur un an des prix de l'énergie resterait contenue et s'établirait à +0,9 % en décembre 2024 », indique l'Institut de la statistique. De leur côté, les prix alimentaires, qui avaient connu des hausses à deux chiffres, n'augmentent plus qu'au rythme de 0,5 % sur un an. Ceux des biens manufacturés se sont stabilisés.Les services restent la première contribution à l'inflation d'ensemble, « les entreprises répercutent les hausses de salaires passées », explique l'Insee. En décembre 2024, l'inflation des services s'élèverait à 2,4 %, contre 3,1 % au mois d'août où les tarifs des transports en Ile-de-France ont flambé avec les Jeux Olympiques de Paris. L'inflation sous-jacente - hors énergie et produits frais - est néanmoins elle aussi attendue à 1,6 % en fin d'année.