Verre à moitié vide ou à moitié plein ? L'enquête Bpifrance Le Lab - Rexecode s'est penchée sur les intentions d'investissement des PME et TPE. Résultat : seule une sur deux envisage d'investir en 2024, un chiffre quasi stable par rapport au début d'année mais en recul de 5 points par rapport à il y a un an.Celles qui prévoient de le faire ont néanmoins revu un peu à la hausse le montant de leurs dépenses par rapport au début d'année. « Après trois années de forte croissance qui l'a porté à un niveau élevé, l'investissement devrait nettement ralentir en 2024, la dynamique s'étant essoufflée depuis la fin 2023 », analyse Baptiste Thornary, responsable du pôle Macroéconomie chez Bpifrance.

Contexte incertain

Pour les patrons, les raisons d'hésiter sont multiples. La majorité (60 %) pointe le contexte actuel incertain. Alors que l'activité économique progresse à petite vitesse, un petit tiers d'entre eux (30 %) a aussi du mal à croire que la demande va rebondir. Les taux d'intérêt élevés et le durcissement des conditions de financement expliquent également la frilosité même si les difficultés d'accès au crédit restent limitées. « Les objectifs d'extension de la capacité de production et de nouvelle implantation diminuent assez nettement », note Bpifrance.

Beaucoup d'entreprises doivent néanmoins renouveler ou moderniser leurs équipements. Ce sont les deux principales raisons qui les conduisent à investir. Les dépenses en faveur de la transition environnementale arrivent en troisième position. « L'économie française affiche actuellement un rythme de croissance faible. Si elle repart, les entreprises investiront davantage », assure Philippe Mutricy, directeur des études chez Bpifrance qui note que les entreprises sont optimistes sur l'évolution de leur situation de trésorerie.

L'enquête montre que ces trois dernières années, 55 % des PME et TPE sondées ont investi. Parmi celles-ci, une majorité se sont digitalisées ou ont robotisé des tâches, un tiers ont développé des projets liés à l'environnement. « A la sortie du Covid, les entreprises se sont modernisées », résume Philippe Mutricy.Toutefois, 12 % des répondants reconnaissent un déficit d'investissement sur la période. Ce sentiment est encore accentué lorsqu'on les interroge sur leurs efforts en faveur de la transformation numérique (18%) ou de la transition énergétique et de la décarbonation (15%).

Les besoins restent donc importants et la dynamique d'investissements va se maintenir : 52 % des entreprises sondées prévoient de continuer à investir au même rythme ou d'accélérer dans les cinq ans à venir. La décarbonation et la transformation numérique devraient rester en tête des priorités.Les PME et TPE devraient aussi se mettre à l'intelligence artificielle. Près d'une sur cinq indique vouloir augmenter ses dépenses dans ce domaine, percevant un déficit d'investissement sur cette technologie. Dans l'enquête, un tiers des patrons reconnaissent en revanche qu'ils ne savent pas encore ce qu'ils feront en matière d'investissement dans les prochaines années.