Plusieurs approches
Une kyrielle de jeunes pousses se sont lancées dans l'aventure, avec une approche calculatoire plutôt que de collecte de données, et des angles verticalisés. Pêle-mêle : Genesis (France) s'occupe de la notation de la santé des sols, Carbon Rewild (Royaume-Uni) opère une surveillance bioacoustique pour mesurer l'évolution de la biodiversité de groupes d'oiseaux, quand Seaviews (France) s'attaque aux milieux sous-marins. D'autres développent des projets de mesure satellitaire pour monitorer les forêts, comme Kanop (France). « Avec la CSRD, la biodiversité devient aussi un sujet d'entreprise. Des start-up se sont lancées sur la partie mesure, avec l'objectif de vendre ces outils aux développeurs de projets, comme des associations. Mais ces structures n'ont pas forcément le budget pour ce type de solutions technologiques, les start-up prennent donc de plus en plus l'angle réglementaire », analyse Xavier Lorphelin, associé chez Serena, un fonds de capital-risque. L'une des start-up les plus citées est la britannique NatureMetrics, qui prélève de l'ADN au sein des milieux naturels pour mesurer la biodiversité. Elle est en train d'évoluer vers un modèle de plateforme à destination des entreprises pour agréger différentes mesures et fournisseurs de données, grâce à des partenariats.Selon un récent rapport sur la « nature tech » de Serena, l'écosystème reste en croissance. Dans le monde, les jeunes pousses ont levé 224 millions de dollars au premier semestre, soit presque l'équivalent des fonds levés en 2023. « La raison pour laquelle il y a autant de start-up, alors que marché est assez naissant, est à mon sens lié à la promesse du Graal des crédits biodiversité . Quand ce secteur sera mature, le marché aura besoin de technologies de mesure », analyse Aurore Falque-Pierrotin.
Pour l'instant, chacun évolue plus ou moins dans sa verticale. « A force, les start-up vont se rapprocher, ce ne sera pas forcément un 'winner takes all'. Il est tout à fait possible que le marché se spécialise par industrie, ou par type de zone couverte, par exemple », estime Xavier Lorphelin. Là aussi, en miroir des start-up de mesure carbone qui se consacrent de plus en plus à des secteurs spécialisés, comme la mode, la construction ou l'alimentaire.