Les entreprises auront-elles du mal à rembourser les Prêts garantis par l'Etat (PGE) ? La question hante les banques, les investisseurs et les pouvoirs publics depuis que ces aides ont été distribuées pendant la crise du Covid à quelque 682.000 entreprises pour 141 milliards d'euros.

Jusqu'ici, les défauts restent limités, malgré une conjoncture incertaine. Mais selon le dernier baromètre sur la situation des PME et TPE réalisé par Bpifrance Le Lab et Rexecode, publié ce mardi, 9 % des dirigeants du secteur craignent de ne pas être en mesure de rembourser leur PGE. Cela représente une hausse de deux points par rapport au trimestre précédent.

Pour Philippe Mutricy, directeur de l'évaluation des études et de la prospective chez Bpifrance, « c'est dans la fourchette habituelle observée depuis que la question est posée. Pour nous, ce n'est pas une variation significative ». Il estime que l'échantillon (600 répondants) ne permet pas de tirer de conclusions, contrairement à l'enquête semestrielle de Bpifrance (5.000 répondants).

De fait, la proportion de chefs d'entreprise redoutant de ne pas pouvoir rembourser leur PGE oscille depuis trois ans entre 5 % et 9 %. Pour autant, alors que les défaillances reprennent leur rythme habituel (46.183 entre mai 2022 et avril 2023, selon la Banque de France, contre 31.400 un an plus tôt), la variation est de nature à inquiéter. D'autant plus que plusieurs grands donneurs d'ordre de PME et TPE ont eux-mêmes des difficultés. La semaine dernière, le sous-traitant aéronautique Latécoère a obtenu un effacement par ses banques de 183 millions d'euros de dette, dont 128 millions de PGE, contre une recapitalisation de 100 millions par son actionnaire.

Indicateurs rassurants

Bpifrance voit le verre à moitié plein. Certes, la moitié des PME/TPE qui ont obtenu un prêt garanti par l'Etat l'ont utilisé en quasi-totalité - ce matelas de trésorerie est donc réduit - mais 18 % des dirigeants interrogés et ayant obtenu un PGE l'ont déjà remboursé dans son intégralité ou comptent selon elle le rembourser intégralement d'ici à la fin de cette année. Pour Philippe Mutricy, les autres enseignements du baromètre sont d'ailleurs encore plus de nature à rassurer sur les risques de défaut de PGE, que la Banque de France évalue elle-même autour de 4,5 %. « Les indicateurs de trésorerie ont arrêté de se dégrader, explique-t-il. C'est une bonne nouvelle. » A l'origine de cette amélioration, selon le baromètre réalisé auprès de PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de 1 à 249 salariés et réalisant moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, une détente du côté des approvisionnements et leur capacité à répercuter les hausses de prix à leurs clients.

Les PME/TPE étaient beaucoup plus pessimistes à l'automne 2022. « Mais depuis elles ont mieux passé l'hiver que prévu et augmenté leurs prix et donc leurs marges », constate Philippe Mutricy. Une tendance qui semble appelée à se renouveler, selon le baromètre. Soixante pour cent des dirigeants anticipent en effet une hausse de leurs prix de vente en 2023 (61 % en février dernier) et 78 % des dirigeants de PME/TPE comptent augmenter le salaire de leurs collaborateurs en 2023 (+6 points par rapport à février) dans un contexte de difficultés persistantes de recrutement.