Le vocable « impact » résonne de manière croissante dans l'écosystème French Tech. Ces start-up, dont les modèles et les services s'alignent sur un ou plusieurs des 17 objectifs de développement durable(ODD) énoncés par l'ONU, sont de plus en plus nombreuses. C'est en tout cas ce que révèle le nouveau baromètre de France Digitale, réalisé avec le Mouvement Impact France et Bpifrance, qui recense 1.142 start-up à impact. Une hausse de 6 % par rapport à l'année dernière. Cette croissance, bien que modeste en apparence, s'explique par une redéfinition des critères d'identification de ces jeunes pousses.« Beaucoup de start-up ont pu se dire à impact, sans que la recherche d'impact positif ne soit le coeur de leur activité. Nous avons donc affiné les questions sur leurs indicateurs et sur les ODD auxquels elles répondent en priorité, ainsi que sur la part que prend l'impact dans leur budget et leur stratégie », précise Caroline Neyron, directrice générale du Mouvement Impact France.

32.000 emplois directs

Si les start-up à impact rassemblent des secteurs divers dans l'environnement et le social, le peloton de tête est porté par l'énergie (12 %), l'économie circulaire (12 %), l'agriculture/alimentation (11 %) et la mobilité (11 %). « L'énergie est clairement le secteur qui réalise les levées de fonds les plus importantes, que ce soit sur les batteries électriques ou les sociétés qui valorisent ou produisent des énergies renouvelables. Il est intéressant de voir qu'il y a une vraie émergence de cette filière française », note Marianne Tordeux-Bitker, directrice des affaires publiques chez France Digitale.

C'est le cas par exemple de Verkor (batteries), qui a rassemblé plus de deux milliards d'euros à la rentrée, dont 850 millions en apport de capital. Ou encored'Accenta (géothermie), qui vient de lever 108 millions d'euros. Mais ces gigalevées de fonds restent encore rares dans l'impact, le gros des troupes ayant levé entre 2,5 et 10 millions d'euros depuis leur création. Sur le front de l'emploi, ces start-up continuent de progresser et consolident leur masse salariale, avec une moyenne de 30 employés par structure, contre 27 l'année précédente. Au total, l'écosystème rassemble 32.000 emplois directs.

A l'inverse des exemples industriels cités, les technologies utilisées restent majoritairement « soft » avec une prépondérance des start-up issues du monde « SaaS » (logiciel) et de la data, comme les plateformes de mesure carbone - Sweep, Greenly, Sami… « Ce sont aussi des technologies au service de la transition écologique. On n'aurait pas eu de covoiturage si la plateforme BlaBlaCar n'avait pas existé, ni de rapport du Giec sans des entreprises capables d'analyser la donnée environnementale », répond la professionnelle. Il est en revanche à noter qu'une centaine de start-up dans l'étude s'identifient « low tech ». Il s'agit en d'autres termes d'innover grâce à des technologies simples, peu consommatrices et résilientes.

Des start-up qui contredisent le proverbe « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Près de 65 % d'entre elles mesurent et réduisent leur propre impact environnemental - avec un indicateur phare : les émissions de CO2 évitées -, 43 % font de même sur les ressources naturelles. Elles analysent aussi leur volet social, en actionnant des politiques d'égalité homme femme (70 %) ou intégrant des jeunes et des seniors (50 %).

« La situation 2024 va être tendue »

Les principaux défis des start-up à impact sont finalement assez similaires à leurs homologues plus « classiques », avec en tête de nouer des contrats publics et privés (25 %), se développer à l'international (18 %) et sur le territoire français (18 %). Mais comme la plupart des start-up de l'écosystème, elles doivent faire face à un climat économique contrarié : hausse des taux, inflation qui érode le pouvoir d'achat des particuliers et des entreprises.

« La situation 2024 va être tendue, et ce sera peut-être plus dur pour les start-up à impact dans le sens où leurs services sont souvent plus chers. C'est pour moi l'un des principaux défis », ajoute Caroline Neyron. Elles évoluent en revanche dans un terrain réglementaire favorable, avec notamment des pressions accrues sur des questions de durabilité et de reporting ESG.