C'est une mauvaise nouvelle de plus dans un environnement des affaires déjà tendu. Deux études publiées mercredi mettent en évidence une dégradation dans les délais de paiement. Selon une enquête réalisée par l'assureurcrédit Coface auprès de 640 firmes françaises de toutes tailles, les retards de paiement deviennent plus fréquents et s'allongent. Au premier semestre, 85 % des entreprises ont été exposées à ce problème, contre 82 % il y a un an.

Et le délai de paiement atteint désormais en moyenne 51 jours dans l'Hexagone, contre 48,2 jours l'an dernier. Un comportement nettement moins vertueux que celui observé en Allemagne, où le délai moyen est de 32 jours. Aucun secteur d'activité n'est épargné mais certains, comme le transport et la logistique ou la construction par exemple, sont confrontés à une véritable aggravation. Dans une autre étude, le cabinet Altares pointe un retard de paiement en hausse de près d'un jour sur un an. Ce qui le porte à 12,9 jours, soit le pire chiffre enregistré depuis la pandémie de Covid.

Mauvais comportements dans le secteur privé

Cette sortie de route s'explique essentiellement par les mauvais comportements dans le secteur privé, même si le retard y est de 12,5 jours, contre plus de 13 jours dans le secteur public, où les retards semblent néanmoins se stabiliser.Point inquiétant : le phénomène est particulièrement marqué pour les très petites entreprises, qui subissent des retards de plus en plus longs, estimés à 14 jours à fin juin, selon Altares, tandis que la situation se stabilise pour les PME françaises.

Le sujet est crucial. Les retards de paiement des factures pèsent sur les trésoreries des entreprises. Dans son rapport annuel 2023, l'Observatoire des délais de paiement a chiffré à 15 milliards d'euros le montant de trésorerie qui a manqué aux PME en 2022 du fait de ces factures non payées dans les temps. « Chaque jour de retard représente une somme colossale qu'il faut financer », souligne dans un communiqué le directeur des études d'Altares, Thierry Millon.

Conséquences vitales

Les conséquences peuvent être vitales. Des travaux ont montré que les retards de règlement augmentaient la probabilité de défaillance du fournisseur de 25 %, voire de 40 % lorsqu'ils dépassent 30 jours, rappelle l'expert.

Selon Coface, un quart des défautsen France serait ainsi dû à des impayés. Au cours des sept premiers mois de l'année, un peu moins de 40.000 entreprises sont entrées en procédure judiciaire, un chiffre en hausse de 23 % par rapport à la période similaire de 2023. « Le montant des dettes fournisseurs affectées par des défaillances approche 3 milliards », pointe Bruno de Moura Fernandes, directeur de la recherche macroéconomique de l'assureur-crédit. Selon lui, environ 63.000 défaillances pourraient être enregistrées cette année, soit un niveau proche de celui constaté en 2019. « Et il ne faut pas s'attendre à une accalmie au début de l'an prochain », prévient-il.

Selon le sondage réalisé par Coface, 40 % des entreprises anticipent une dégradation de leur activité en 2025, l'environnement politico-social étant vu comme le premier risque.