Comme elle l'avait laissé entendre, la Banque de France a revu à la hausse ses prévisions de croissance de l'économie hexagonale en 2024. Selon ses dernières projections présentées mardi, elle table désormais, comme l'Insee, sur une progression du PIB de 1,1 % cette année, au lieu de 0,8 % précédemment. Ce relèvement s'explique par les différentes révisions effectuées par l'Institut de la statistique sur les trimestres passés. La fin de l'année serait médiocre. La croissance serait nulle au quatrième trimestre, après avoir bondi de 0,4 % entre juillet et septembre grâce aux retombées des Jeux Olympiques de Paris 2024.

La Banque de France a, en revanche, laissé inchangée sa prévision de croissance pour 2025, à 1,2 %, un chiffre légèrement supérieur à celui avancé dans une note récente par la direction générale du Trésor (+1 %). L'année 2025 démarrerait avec un acquis de croissance très faible, « proche de 0,2 % ». Mais selon ses experts, l'activité économique accélérerait à un rythme trimestriel de l'ordre de 0,3 % à 0,4 % l'an prochain, contre 0,2 % en moyenne cette année. En 2026, le PIB progresserait de 1,5 %.

Inflation à 1,5 % en 2025

La situation de l'emploi serait meilleure qu'anticipé en juin dernier. Cette année, les créations d'emplois seraient en effet un peu plus dynamiques (113.000 au lieu de 89.000), et l'économie française ne détruirait quasiment plus d'emplois l'an prochain. « Le rattrapage partiel des pertes de productivité passées devrait être moindre » du fait de la révision des comptes nationaux, explique l'institution monétaire. En conséquence, le taux de chômage dans l'Hexagone se maintiendrait à 7,5 % à la fin de cette année, puis passerait à 7,6 % fin 2025, soit 0,3 point de moins que ce qui était attendu précédemment.

En 2025, « la consommation privée deviendra le moteur de la croissance », estime Olivier Garnier, le chef économiste de l'institution. Elle retrouvera un rythme de progression de 1,3 % portée par les gains de pouvoir d'achat. L'inflation, mesurée par l'indice IPCH, tomberait à 1,5 % l'an prochain dans l'Hexagone, « en raison notamment de la baisse des prix de l'électricité ». De son côté, le salaire moyen par tête augmenterait de 3,1 %, après 2,7 % en 2024, ce qui représente 0,4 point de moins que ce qui était anticipé au mois de juin. Au premier semestre, la dynamique a « sensiblement ralenti », note Olivier Garnier.Si jusqu'ici, le ralentissement de l'inflation n'a pas incité les ménages à délier les cordons de leur bourse, les experts de la Banque de France observent que « la propension à dépenser les revenus salariaux est forte ». Ce qui n'est pas le cas s'agissant des intérêts tirés du capital qui, eux, sont le plus souvent réinvestis. Ils tablent en revanche sur un repli « très modéré » du taux d'épargne des ménages tout en reconnaissant que le comportement d'épargnant des Français reste un facteur d'incertitude important.De son côté, l'investissement total renouerait avec la croissance l'an prochain. En baisse en 2024, celui des entreprises repartirait à la hausse. Mais c'est surtout à partir de 2026 que les effets de la détente des taux d'intérêt produiraient leurs effets.

Des prévisions fragiles

Ces prévisions restent toutefois fragiles. En plus des risques géopolitiques, l'incertitude politique actuelle notamment fait peser un aléa sur le comportement des ménages et des entreprises. Dans son scénario, l'institution monétaire a retenu l'hypothèse d'un « ajustement structurel primaire » de 0,6 point de PIB l'an prochain pour contenir le déficit public. A ce stade, nul ne sait toutefois quelles seront les mesures mises en oeuvre. « Le déficit doit […] revenir sous les 3 %. Mais en trois ans, d'ici 2027, ce ne serait pas réaliste et cela mettrait un coup d'arrêt à la croissance. Mieux vaut se fixer un cap de cinq ans, qui reste compatible avec les règles européennes », estime le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans une interview au « Parisien ». « Pour commencer à réduire la dette comme l'ont fait la plupart de nos voisins, il faut trouver 100 milliards d'euros sur cinq ans, soit 20 milliards d'euros par an. L'essentiel de cet effort doit être fait sur les dépenses », préconise-t-il.