Maintenant qu'ils ont reçu le document d'orientation pour la négociation sur l'emploi des seniors, les partenaires sociaux doivent un par un officialiser leur accord pour s'y engager. Sans grande surprise à attendre, la volonté de débattre du sujet étant unanimement partagée du côté des syndicats, qui apprécient que le gouvernement leur laisse les coudées franches. Elle ne l'est pas moins du côté du patronat.

La nécessité de choyer les plus de 55 ans

Alors que les conditions d'accès aux « préretraites Unédic » vont être durcies, l'enjeu de la négociation n'a pas échappé au Medef qui sait bien que les grandes entreprises sont particulièrement attendues sur la nécessité de garder et d'embaucher les seniors via un pilotage plus fin des parcours professionnels avec des aménagements vers la fin. Son président, Patrick Martin le martèle : pénurie de compétences et démographie obligent, les employeurs n'ont plus d'autre choix que de choyer les plus de 55 ans.

Au sein de l'organisation patronale, le chantier n'a pas encore été ouvert. Elle attend que soit bouclé le dossier de l'assurance-chômage. La déclinaison de l'accord conclu avec la CFDT, FO et la CFTC dans une convention est en cours de rédaction. Une dernière réunion technique est prévue entre les partenaires sociaux lundi soir et le texte devrait être transmis au gouvernement en milieu de semaine prochaine pour agrément.

L'intervention fin octobre de Paola Fabiani, vice-présidente du Medef, lors d'un colloque de la chaire « Transitions démographiques, Transitions économiques », permet toutefois de lister quelques pistes patronales classiques sur l'emploi des seniors. On y retrouve un « dispositif de prévention de perte d'employabilité dès 45 ans », un autre de « fin de carrière » (pour anticiper le point de fracture à partir duquel le salarié n'en peut plus). Il s'agit aussi de « valoriser les bonnes pratiques », via un label senior par exemple, d'accentuer la formation des managers pour lutter contre les « stéréotypes », de baisser les cotisations employeur, de « renforcer » l'intérêt financier des retraites progressives, ou de solliciter davantage les opérateurs du Conseil en évolution professionnelle pour aider les employeurs (TPE ou PME surtout). Et puis, « on a une réflexion sur la pénibilité », a ajouté Paola Fabiani, sans aller au-delà de ce qui précède.

Baisser les cotisations est aussi une idée défendue par la CPME, où l'on insiste sur un autre point : traiter réellement le problème de l'usure professionnelle, et non pas seulement de la pénibilité. Au risque sinon de voir revenir les critères de pénibilité supprimés, tel le port de charges lourdes par exemple, avec la réforme des retraites dans le compte éponyme (ils sont pris en compte dans un fonds de 1 milliard d'euros).

A l'U2P, on souligne que l'enjeu se situe surtout dans les grandes ou très grandes entreprises. Dans les TPE, il n'y a pas de gestion par l'âge. Le départ d'anciens, c'est une catastrophe. Exemple cité : celui d'un couvreur. Son travail sera peut-être plus lent, mais de qualité. Comme la CPME, l'organisation représentative des artisans, commerçants et professions libérales, insiste sur la nécessité de traiter le problème de l'usure professionnelle. « Nous avons eu un positionnement très clair lors de la réforme des retraites », rappelle son secrétaire général, Pierre Burban. Autre impératif : faciliter les reconversions. Pourquoi pas en instaurant des voies de passage vers des enseignements techniques en centres de formation d'apprentis par exemple.