M. Yunus, lauréat du prix Nobel, est à la tête du Bangladesh depuis la fuite en Inde de la Première ministre Sheikh Hasina au moment où des protestataires prenaient d'assaut le palais après des semaines de manifestations.

New Delhi était le principal soutien de cette dirigeante autocrate et depuis sa chute, il y a huit mois, les relations entre les deux pays sont tendues, nourries notamment par une succession d'incidents entre communautés musulmanes et hindoues.

Le dirigeant bangladais a publié sur les réseaux sociaux une photo le montrant en train de serrer la main du chef du gouvernement indien. 

Confirmant cette rencontre, Shafiqul Alam, le conseiller presse de M. Yunus, s'est borné à déclarer qu'elle "a(vait) été constructive, productive et fructueuse". 

Cette réunion s'est tenue à Bangkok, en marge du sommet du BIMSTEC, une organisation regroupant sept pays asiatiques.

La dirigeant du Bangladesh, 84 ans, a également partagé une photo sur laquelle les deux hommes sont tout sourire au moment où il remet à M. Modi un cliché remontant à 2015, le jour où M. Modi lui a remis une médaille d'or pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de micro-finance, pionnière en la matière. 

M. Modi "a réitéré le soutien de l'Inde à un Bangladesh démocratique, stable, pacifique, progressiste et inclusif", a affirmé le plus haut responsable du ministère indien des Affaires étrangères, Vikram Misri. 

- "Esprit de pragmatisme" -

Il a dit souhaiter une "relation positive et constructive avec le Bangladesh basée sur un esprit de pragmatisme", a ajouté M. Misri, tout en faisant part de ses inquiétudes concernant les "atrocités" qui seraient commises à l'encontre des minorités au Bangladesh. 

De son côté, M. Yunus s'est plaint auprès de M. Modi des propos incendiaires que tient Mme Hasina, depuis son exil en Inde, notamment à son encontre.

Selon M. Misri, les deux dirigeants ont évoqué la demande d'extradition de l'ancienne Première ministre, surnommée la "bégum de fer", mais qu'il n'y avait "rien de plus à ajouter" pour le moment. 

Jusqu'à présent, l'Inde est restée sourde aux demandes d'extradition en provenance de Dacca qui veut la juger pour avoir commis des crimes contre l'humanité lors de la répression du mouvement de protestation de l'été 2024, au cours duquel jusqu'à 1.400 personnes auraient été tuées.

De son côté, le dirigeant bangladais, qui a la lourde tâche de conduire le pays vers des réformes démocratiques en vue de la tenue d'élections mi-2026, a fait part de ses inquiétudes concernant notamment les problèmes de violence le long de la frontière poreuse avec l'Inde. 

Selon M. Misri, il est nécessaire de prévenir "l'immigration clandestine à la frontière".

La semaine dernière, pour sa première visite d'Etat depuis son arrivée à la tête du Bangladesh, le chef du gouvernement provisoire s'est rendu en Chine où il a rencontré le président Xi Jinping, plaidant pour une coopération approfondie entre les deux pays.

M. Xi a apporté un soutien au Bangladesh concernant la préservation de sa souveraineté nationale, son indépendance et son intégrité territoriale. 

Parallèlement, depuis l'éviction de Mme Hasina, le Bangladesh et le Pakistan, ennemi juré de l'Inde, ont commencé à se rapprocher, notamment avec la reprise en février d'échanges commerciaux directs, pour la première fois depuis des décennies. 

Ces deux pays ont formé une seule nation jusqu'à une guerre d'indépendance dévastatrice en 1971 et après ce conflit, Dacca s'est rapproché de New Delhi.