Rémunération des dirigeants de petites entreprises : les chiffres de l'enquête de la CPME

L'enquête a été menée par la CPME (la confédération des PME) aux mois de novembre et décembre 2023, auprès de 1 331 dirigeants de TPE et PME. Voici les résultats.

Pour bien cerner les enjeux : notez que le Smic mensuel, revalorisé au 1er janvier 2024, est de 1 398,69 € nets pour 35 heures de travail hebdomadaire.

  • 20 % des dirigeants perçoivent moins de 1 400 € par mois.
  • 31 % se versent entre 1 400 et 2 600 € par mois. L'enquête précise qu'un salarié du privé touche en moyenne 2 630 € par mois en 2022 selon les données de l'Insee. Selon l'enquête de la CPME, 51 % des dirigeants gagnent donc moins que le salaire moyen dans le privé.
  • 25 % des dirigeants perçoivent entre 2 600 et 4 000 € par mois.
  • 25 % se versent plus de 4 000 € par mois.

Les résultats d'enquête révèlent en outre que 51 % des répondants qui n'emploient pas de salariés ont une rémunération inférieure à 1 400 € par mois.

La CPME ne précise ni le profil des entrepreneurs, ni le secteur d'activité ni la durée d'existence de leur entreprise. L'enquête souligne toutefois que contrairement à une idée répandue, être chef d'entreprise ne permet pas nécessairement de vivre confortablement.

Comment expliquer qu'un dirigeant gagne moins de 1 400 € par mois ?

Plusieurs explications peuvent éclairer les chiffres de la CPME :

  • Crise sanitaire, guerre en Ukraine, inflation...  Des évènements imprévisibles peuvent mettre à mal la trésorerie de TPE et de PME. Dans ces circonstances, les chefs d'entreprise ont tendance à baisser leur rémunération.
  • L'évolution des technologies a imposé une transformation digitale des entreprises. Cette transformation consiste notamment à s'équiper en logiciels, pour gagner en performance. Financer les divers investissements nécessite parfois de réduire sa rémunération. L'avènement de l'IA, par ailleurs, fait craindre au déclin de certaines activités professionnelles : une baisse d'activité entraîne nécessairement une baisse de rémunération, il est important d'anticiper.
  • Les TPE et PME, malgré leur moindre envergure, sont soumises à des réglementations complexes et coûteuses. La transition écologique, par exemple, met à la charge des petites entreprises des obligations en matière de gestion des déchets. Les mises en conformité nécessitent certains investissements importants, qui impactent la rémunération des dirigeants.
  • Aux débuts d'une entreprise, il est rare qu'un dirigeant se verse une rémunération élevée. De nombreux créateurs d'entreprise ne se payent pas du tout la première année. Et parfois, l'activité ne décolle qu'au bout de trois à cinq ans. Ce type de situation doit être pris en considération, pour expliquer notamment que 51 % des chefs d'entreprise qui n'emploient pas de salariés gagnent moins que le Smic.

Comment augmenter ses chances de percevoir une rémunération intéressante ?

Avoir une bonne idée de business, puis travailler dur, entouré des bonnes personnes, augmentent les chances de succès d'une entreprise. Plus concrètement, de bonnes pratiques aident à se verser rapidement une bonne rémunération, de manière pérenne.

Illustrations :

  • Au lancement de l'activité, bénéficier de l'Arce préserve la trésorerie de l'entreprise le temps de se développer. D'autres aides de France Travail (anciennement Pôle Emploi) permettent de réduire les charges de l'entreprise.
  • Se faire accompagner par un expert-comptable a un coût, mais s'avère rentable. L'expert-comptable chiffre les recettes et les dépenses d'une entreprise avec précision, dans le cadre d'un prévisionnel. Ainsi, le chef d'entreprise ne prend pas de risque inconsidéré, et peut optimiser le montant de sa rémunération. Mutuelle d'entreprise, cotisations sur les salaires, IS… Les coûts évoluent à mesure du développement de l'entreprise. Un expert-comptable donne une vision fiable et éclairée.
  • En cas de difficultés financières ou de crise passagère, de nombreuses aides financières sont mises à disposition des chefs d'entreprise. Récemment, les entrepreneurs touchés par les intempéries dans le Nord avaient par exemple droit au report de paiement de leurs cotisations sociales. Des organismes accompagnent les chefs d'entreprise, pour leur développement ou pour surmonter des difficultés : il ne faut pas hésiter à s'en rapprocher.
  • Des aides financières sont régulièrement déployées pour aider les TPE et les PME à se mettre en conformité avec les règlementations. Le fonds territorial d'accessibilité, par exemple, subventionne des travaux d'accessibilité en ERP.

Détecter les signes de burn-out du chef d'entreprise est essentiel pour limiter les risques sur sa santé. Si l'activité ne fonctionne pas, si l'entrepreneur est contraint d'avoir deux emplois pour percevoir une rémunération correcte, il est peut-être temps de revoir son business model.