En mai 2023, près d'un quart des dirigeants de TPE, PME et ETI reconnaissaient se sentir exposés à des troubles psychologiques tels que la dépression ou le burn-out. Une proportion élevée qui témoigne de l'état d'esprit troublé d'un grand nombre de dirigeants. Pourtant, ce risque demeure sous-estimé et se heurte parfois au déni des concernés.
L'Organisation mondiale de la santé définit le syndrome d'épuisement professionnel, ou burn-out, comme « un syndrome résultant d'un stress chronique au travail qui n'a pas été correctement géré ». Bien que tous les salariés y soient exposés, l'Observatoire Amarok identifie des risques propres aux entrepreneurs et dirigeants d'entreprises, plus enclins à s'investir démesurément dans leur travail au détriment de leur santé. Pourtant, comme le rappelle Olivier Torrès, professeur et fondateur de l'observatoire, la mauvaise santé d'un dirigeant d'entreprise est un problème aux conséquences graves, y compris pour sa société. Le burn-out chez un chef d'entreprise n'est pas une fatalité, et nécessite l'adoption de comportements de prévention afin d'éviter les risques qui en découlent. A l'inverse, quand le syndrome d'épuisement professionnel s'installe, il s'agit de mobiliser les bonnes ressources pour le dirigeant d'entreprise pour se sortir de ce surmenage.
Trois ans après le début de la crise sanitaire et la montée en flèche du risque de burn-out parmi les dirigeants d'entreprise, une étude de la Fondation d'entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur a pris leur pouls. S'ils se disent moins inquiets pour l'avenir de leur activité que les années précédentes, ils reconnaissent que les crises successives (sanitaire, inflation…) ont fragilisé leur moral. 18 % des dirigeants avouent être découragés, soit 4 points de plus qu'en 2022.
Plus inquiétant : alors qu'ils se déclarent plutôt en bonne santé générale malgré la présence de certains troubles physiques (mal de dos, douleurs articulaires, troubles du sommeil…), une proportion importante de dirigeants d'entreprise avoue se sentir exposée à des troubles psychologiques tels que la dépression et le burn-out : 25 % des moins de 50 ans et 23 % des 50 ans et plus. Or, en raison de leur quotidien professionnel particulièrement exigeant, ces derniers ont tendance à moins consulter leur médecin généraliste que les autres catégories professionnelles.
Ce constat sur le surmenage et l'épuisement professionnel de ces chefs d'entreprise doit être pris au sérieux, car le burn-out peut conduire à la dépression, et au risque suicidaire. L'Observatoire national du suicide estime ainsi que 27% des dirigeants d'entreprise auraient déjà envisagé sérieusement de se suicider, soit la même proportion que dans la population des chômeurs.
Face au risque d'épuisement professionnel, les chefs d'entreprise notamment de TPE et PME doivent se montrer vigilants et savoir écouter les signaux qui leur demandent de revoir leurs habitudes. Connaître ces « red flags », et être capable de les identifier quand ils se manifestent permet de faire le point de façon objective sur sa santé mentale et physique, et de ne pas outrepasser ses limites et éviter ainsi le risque de surmenage et d'épuisement professionnel. Le burn-out résultant d'un processus lent et progressif, il est essentiel de détecter ces signaux le plus tôt possible chez le chef d'entreprise, afin de ne pas laisser la situation dégénérer.
Parmi les signes fréquents qui doivent alerter sur les risques de burnout :
- Une fatigue constante du chef d'entreprise, non soulagée par le repos, à la fois physique, mentale et émotionnelle.
- Un manque d'enthousiasme au travail, qui s'accompagne d'anxiété à la reprise du travail.
- Une baisse de la performance au travail, avec le sentiment d'être surchargé et une difficulté à gérer le stress.
- Des sentiments d'inquiétude et d'anxiété, associés plus largement à des troubles de l'humeur. Lorsque le travail commence à affecter votre vie privée, notamment familiale, amicale et amoureuse, ces sentiments doivent être considérés comme des avertissements.
- Un sommeil perturbé, qui peine à trouver un rythme régulier (insomnies, réveils nocturnes ou précoces, difficultés à s'endormir).
- Des symptômes physiques chroniques tels que des maux de dos, de tête, des problèmes de peau, des douleurs, ou une fragilité immunitaire.
Pour éviter de rentrer dans une spirale d'épuisement professionnel pour un dirigeant d'entreprise, notamment dans des TPE – PME, il est conseillé d'adopter certaines bonnes habitudes :
- Adopter une posture bienveillante avec soi-même, et s'accorder repos et moments à soi. Le travail, l'entourage et le temps pour soi sont trois aspects d'une même structure, qui doit trouver son équilibre.
- S'entourer, dans sa vie personnelle, mais aussi professionnelle, en s'appuyant sur ses collaborateurs, ses partenaires, ou en rejoignant un réseau de chefs d'entreprise.
- Apprendre à déléguer certaines tâches, pour se concentrer sur celles qui sont réellement essentielles.
- Pratiquer une activité sportive, pour éviter l'accumulation de stress, sans chercher à forcer les limites de son corps.
Le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel, fait partie des risques psychosociaux (RPS) en entreprise. Dès les premiers signes d'un épuisement professionnel, il ne faut pas hésiter à faire appel à un professionnel de santé, à commencer par un médecin qui pourra évaluer votre état de santé.
Pendant la crise sanitaire, le gouvernement a également lancé le dispositif APESA (Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aiguë), qui est une cellule d'écoute et de soutien psychologique dédiée aux chefs d'entreprise confrontés à un risque de suicide. Un numéro vert spécifique, le 0 805 65 50 50, a aussi été créé en partenariat avec le soutien d'Harmonie Mutuelle pour accompagner les chefs d'entreprise dans leur souffrance professionnelle.
Créé en 2013 par un entrepreneur sorti de burn-out, le CREDIR (Centre de Remise en forme des Dirigeants) déploie des actions envers les dirigeants épuisés. Cela inclut notamment une convalescence prolongée pour le chef d'entreprise sur son site en Alsace.
De son côté, Amarok a également mis en place des cellules d'écoute psychologique pour prévenir le burn-out des chefs d'entreprise, et a noué des partenariats avec de nombreuses structures.