La question du recrutement peut vite devenir un véritable casse-tête surtout pour les petites entreprises ou lors de l'embauche du premier collaborateur. Solliciter un indépendant (freelance) s'est largement démocratisé ces dernières années, ce profil offrant aux entreprises une meilleure flexibilité et une maîtrise des coûts. En revanche, l'absence de contrat et d'engagement peut constituer une limite pour votre société. Décryptage sur les avantages et les inconvénients du recours à un freelance ou à un salarié classique.
Collaborateur indépendant ou salarié en CDI : déterminez vos besoins
Pour faire le bon choix lors de votre recrutement, il faut commencer par déterminer vos besoins en fonction :
- du contexte économique général ;
- de votre carnet de commandes ;
- de vos projets de croissance et de développement ;
- de la capacité à manager des ressources externes.
À partir des réponses à ces questions, vous pourrez déterminer plus facilement s'il est opportun de solliciter un freelance ou d'embaucher un salarié avec un contrat de travail.
Recruter un travailleur salarié pour votre entreprise
L'avantage de la stabilité et de l'engagement
Le Contrat à Durée Indéterminée (CDI) reste la forme de contrat de travail la plus sécurisante et la plus à même de susciter l'engagement de votre futur collaborateur. En effet, votre salarié en CDI participe activement à la vie de l'entreprise. Il contribue à la culture d'entreprise qui, si elle est qualitative et bienveillante, vient considérablement booster votre marque employeur.
Dans cette même dynamique qui se développe progressivement, vos salariés peuvent devenir de réels ambassadeurs pour votre entreprise s'ils sont motivés et enthousiastes. Vous pouvez aussi favoriser cette logique en déployant des dispositifs d'employee advocacy sur les réseaux sociaux.
Un atout stratégique pour votre organisation
En parallèle, recruter un CDI implique de réfléchir en amont aux caractéristiques du poste à créer (tâches, objectifs, moyens pour les atteindre...). Cela peut aussi être l'occasion de réajuster votre organisation interne comme :
- définir clairement les responsabilités et les missions du poste, ce qui contribue à une meilleure répartition des tâches et à une organisation plus efficace ;
- établir un plan de développement professionnel pour le salarié, afin de favoriser son épanouissement au sein de l'entreprise et de garantir sa progression ;
- élaborer des stratégies de gestion des salariés pour anticiper les besoins futurs de l'entreprise en termes de compétences et de ressources humaines, et réfléchir au système de primes ou de bonus.
En somme, recruter un salarié en CDI vous permet de produire de la valeur en interne via un collaborateur 100 % dédié à la mission de votre entreprise et qui fait partie intégrante d'une équipe.
Le poids des démarches administratives
Ces avantages viennent toutefois avec des coûts et de nombreuses démarches administratives.
Par exemple, un salarié payé au SMIC (1 398,69 € au 1er janvier 2024) vous coûtera 1 766,92 € brut mensuel, auxquels il faut ajouter :
- les charges patronales ;
- les indemnités de congés payés ;
- le remboursement des frais de transports en commun ;
- les tickets restaurant ;
- une éventuelle prime d'intéressement, etc.
S'ajouteront également les coûts liés au recrutement, et de nombreuses démarches administratives comme :
- la rédaction d'un contrat de travail ;
- la déclaration préalable à l'embauche ;
- l'onboarding : préparer l'arrivée de la nouvelle recrue dans les équipes ;
- la visite médicale obligatoire…
Un recrutement qu'il faut envisager sur le long terme, d'autant plus que la rupture d'un contrat de travail est soumise à des dispositions nombreuses et précises. En effet, un employeur ne peut rompre un contrat de travail que dans le cadre d'une rupture conventionnelle homologuée, ce qui suppose l'accord de son salarié, ou d'un licenciement qui doit alors être basée sur une cause réelle et sérieuse. Ces deux modes de rupture du contrat de travail obéissent à des procédures strictes fixées par le Code du travail et, éventuellement, par la convention collective applicable à l'entreprise.
Recourir à un indépendant en freelance pour votre activité
Un statut flexible pour répondre à des besoins précis
Face à l'essor du travail avec des freelances, la question du recours à un travailleur indépendant se pose.
Une entreprise peut avoir un besoin ponctuel de compétences très spécialisées, non disponibles en interne ou dont le coût de formation serait élevé. Il est ainsi beaucoup plus intéressant de recourir à un freelance qu'à un salarié en CDI pour recruter :
- des compétences pointues et des expertises spécifiques, comme celle de développeurs web qui maîtrisent certains codes spécifiques ;
- des métiers créatifs, si vous cherchez par exemple un style particulier d'identité visuelle, de direction artistique… ;
- des métiers avec des fluctuations de rythme importants, comme dans l'événementiel ;
- des missions de conseil ou opérationnelles nécessitant une réactivité et une adaptabilité rapides.
En somme, collaborer avec un indépendant en freelance présente les avantages :
- d'être beaucoup moins contraignant d'un point de vue administratif ;
- de mieux contrôler votre masse salariale (qui est souvent un gros poste de charge pour les petites entreprises) ;
- de bénéficier d' un regard extérieur enrichissant et pertinent pour rafraîchir les processus internes de l'entreprise.
Encart : Pour protéger vos intérêts, n'hésitez pas à contractualiser la relation avec un freelance avec un devis ou un contrat de freelance. De même, si vous travaillez avec des données sensibles auxquelles le freelance a accès, faites-lui signer un accord de non-divulgation.
Une charge financière et administrative souvent moins lourde
Le freelance décide lui-même de son prix, qui prend le plus souvent la forme d'un taux journalier moyen (TJM). C'est ce tarif que vous devez prendre en compte avant de commencer toute collaboration. Faites des calculs pour voir si, en fonction de vos besoins, la collaboration avec le freelance est judicieuse ou non d'un point de vue purement financier. Vous pouvez plus facilement anticiper la charge financière que représente un indépendant, et mieux anticiper vos budgets.
Au niveau comptable, un freelance correspondra à un « achat » et non à une charge salariale. Attention toutefois à ne pas abuser de cet avantage : un freelance avec lequel vous signez un contrat d'exclusivité, qui n'a pas d'autres clients, qui travaille dans vos locaux et dont vous payez les charges sociales pourra obtenir des tribunaux la requalification de son contrat en CDI. Par ailleurs, en cas de requalification par les tribunaux d'un contrat indépendant en contrat de travail, l'infraction de travail dissimulé sanctionne les entreprises qui se sont volontairement soustraites aux obligations liées au contrat de travail (déclaration préalable à l'embauche, remise du bulletin de salaire, etc.).
Les limites à la collaboration avec un freelance
Contrairement à un salarié en CDI engagé par votre entreprise, un freelance peut manquer d'affectio societatis et de sentiment de loyauté envers l'entreprise cliente. Souvent absent des événements de team building et ne participant pas aux interactions quotidiennes au bureau, le freelance ne contribue généralement pas à la cohésion d'équipe et à la dynamique de groupe au sein de l'organisation. Sur des missions de long terme, cet engagement moindre peut altérer l'investissement de l'indépendant dans sa mission.
Veillez donc à vous entourer de freelances qui partagent les valeurs de votre entreprise, et, si le cas de figure s'y prête, organisez des réunions en présentiel ou en visio pour renforcer le lien qui cimente la collaboration.
Freelance ou salarié : qui coûte le moins cher ?
Le freelance a souvent la réputation d'être moins cher qu'un salarié. En réalité, tout dépend de la durée de la mission et des tarifs pratiqués, comme du salaire envisagé.
Prenons l'exemple d'un freelance chef de projet avec un TJM de 340 €. En CDI, le salaire brut annuel pour le même poste est d'environ 45 000 € par an. Sur la base de 180 jours travaillés par an, le coût du CDI est de 45 000 / 180 + 45 % de charges patronales = 291 € de TJM.
Si, dans cet exemple, le TJM est plus bas pour un salarié, n'oubliez pas qu'il faut rajouter des frais supplémentaires comme votre participation aux tickets restaurant, à la mutuelle d'entreprise, ainsi que les primes, les frais de gestion des ressources humaines…
Choisir l'option la plus abordable dépend donc de la durée de votre projet, et de nombreux autres paramètres qui relèvent du cas par cas.
Quel statut choisir pour son recrutement ? Notre conclusion
Pour résumer, le freelance vous apporte de la flexibilité, une expertise pointue, un regard extérieur et un meilleur contrôle de vos dépenses en fonction de la charge de travail.
Le salarié en CDI vous permet d'intégrer un collaborateur motivé et impliqué, qui participe activement à la vie de votre entreprise, et que vous pouvez faire monter en compétences.
Par ailleurs, malgré la prépondérance du CDI, le salariat peut prendre de nombreuses formes hybrides entre CDI et freelance : le contrat de travail temporaire ou le CDD sont, par exemple, adaptés à l'accroissement passager de l'activité ; par ailleurs, qu'il s'agisse d'un CDI ou d'un CDD, ces contrats peuvent être à temps plein ou à temps partiel. Et attention car les CDD et les contrats à temps partiel doivent obligatoirement être conclus par écrit et contenir des mentions obligatoires.
Au-delà du match freelance vs salariat, la véritable bonne nouvelle est que vous pouvez adapter le recrutement selon vos besoins spécifiques en vous inscrivant dans un cadre réglementaire et conventionnel précis. En effet, les possibilités sont multiples pour tout recruteur qui anticipe bien ses besoins. Il peut ainsi se montrer agile en termes de recrutement et de gestion de ses équipes.