La discrimination liée à l'âge a la vie dure. En entreprise, une réflexion et des mesures s'imposent pour lutter contre les idées reçues et ne pas traiter une personne différemment, sans raison valable.
En France, les témoignages sont nombreux sur le sujet de la discrimination liée à l'âge en entreprise, qui est même devenue « une préoccupation » pour les jeunes comme pour les seniors (terme déjà jugé comme « défavorable »). En effet, ces deux « catégories » sont particulièrement visées par l'âgisme au travail (comportement discriminatoire lié à l'âge et non justifié).
Les jeunes sont traités d'irresponsables et d'impulsifs. Quant aux seniors, ils sont perçus comme peu dynamiques et guère enclins au changement dans les entreprises. Des façons de penser caricaturales en matière de management qui écartent de la formation, de la promotion et de l'emploi, des personnes compétentes et qui privent les sociétés de remarquables talents. Qu'elle soit ressentie ou vécue, la discrimination au travail occasionne des dégâts, humains et économiques. En vous engageant contre les discriminations dans votre entreprise, vous favorisez non seulement l'épanouissement des salariés et la qualité de vie au travail (QVT), mais également votre marque employeur dans le cadre d'une stratégie RSE.
La discrimination selon l'âge : un défi sociétal
Le 5e baromètre du Défenseur des droits/Organisation internationale du travail révélait qu'être « âgé était perçu comme un inconvénient par 29 % des agents publics et 27 % des salariés du privé ». Toutes les entreprises sont concernées par la discrimination liée à l'âge et certains secteurs d'activitéplus particulièrement. Ainsi, un Français sur trois aurait fait l'objet de discrimination professionnelle, les seniors étant les premiers touchés. L'informatique, le monde de l'art et de la culture, le commerce, l'événementiel… sont pointés du doigt en termes de non-égalité de traitement, ajoutant parfois à l'âge d'autres critères (apparence…).
En 2018, sur 10 585 salariés interrogés dans 8 pays européens, 1 410 salariés français déclaraient « avoir souffert de discrimination portant sur leur âge », soit 36 % pour ce seul critère. En 2020, la France n'avait pas progressé en matière de discrimination liée à l'âge au travail, se situant en dessous de la moyenne européenne en termes d'employabilité des 55-64 ans, par exemple.
Exemplarité, égalité, diversité : ce que dit la loi sur la discrimination de l'âge
Les discriminations sont souvent le fruit de biais intériorisés, de représentations sociales, de stéréotypes… Néanmoins, en tant que dirigeant d'entreprise, votre comportement doit être exemplaire et une politique de recrutement et d'évolution professionnelle garantissant un traitement identique à chacun des salariés est à appliquer. C'est même une obligation prévue dans le Code du travail. Le droit pénal français prévoit différentes mesures de détection et de traitement des pratiques de discrimination.
Pour rappel, seule l'inégalité de traitement liée à un motif raisonnable et objectif (sécurité du travailleur, notamment) est autorisée par la loi française. Ainsi, interdite par la loi, la discrimination fondée sur l'âge est passible de 3 ans de prison et de 45 000 euros d'amende pour le dirigeant.
À méditer : la diversité dans vos recrutements sera bien plus constructive et enrichissante que la discrimination.
Dispositifs incitatifs à la lutte contre la discrimination selon l'âge
Les discriminations liées à l'âge, que ce soit pour les jeunes ou les seniors, remettent en cause l'accès à l'emploi. Aussi, depuis plusieurs années, des dispositifs ont été développés par l'État français pour encourager le recrutement de personnes dites « seniors » et pour soutenir l'emploi des jeunes.
Voici quelques exemples de dispositifs destinés à encourager les employeurs à recruter des seniors :
- CDD senior pour les demandeurs d'emploi âgés de plus de 57 ans(durée de 36 mois au lieu de 18 mois, en principe) ;
- Aide de 2 000 € pour un contrat de professionnalisation conclu avec un demandeur d'emploi d'au moins 45 ans (CDD ou CDI) ;
- Aide financière pour un CUI (contrat unique d'insertion) conclu avec des personnes en difficulté d'au moins 50 ans (secteur non marchand) ;
Concernant les jeunes, autre catégorie stigmatisée et bien souvent discriminée au travail, l'accès à l'emploi leur est d'autant plus difficile que leur niveau de diplôme est bas. Ne l'oublions pas, selon l'Insee, le taux des 15-29 ans « ni en emploi, ni en études, ni en formation » était de 12,8 % en 2021, soit près d'1,4 million de personnes…
En vue de concrétiser l'emploi des jeunes au sein des entreprises et diminuer ainsi la discrimination due à leur jeune âge, le recrutement d'apprentis se voit, par exemple, valorisé avec une aide de 6 000 € accordée à l'employeur pour la première année d'exécution du contrat d'apprentissage.
La discrimination liée à l'âge des jeunes ou des seniors est perçue comme une inadéquation avec le marché du travail. Pourtant, jeunes et seniors ont tous leur place dans la société et doivent avoir accès à la même chance de trouver un emploi qui leur convient. Ces travailleurs, quel que soit leur âge, assurent la transmission et la pérennité des savoir-faire de votre entreprise et contribuent à la dynamique et au succès de votre PME/TPE.