Alors que les femmes n'occupent que 22% des emplois tech en Europe, la France ne fait pas particulièrement figure de bonne élève, puisque la tech française ne compte que 17% d'effectifs féminins (source : Gender Scan 2022). Si le constat est inquiétant, diverses initiatives tendent à encourager la féminisation de la tech et des métiers du numérique. Par souci moral ou par pragmatisme, car le secteur est lui aussi confronté à une pénurie de talents, la question de la parité dans la tech est devenu un sujet de préoccupation pour ces entreprises.
Salariées ou entrepreneures, les femmes encore peu représentées dans la tech
La proportion de femmes diplômées et exerçant dans le domaine de la tech plafonne à 17%, en France, comme dans l'Union européenne, révèle une enquête publiée en mars 2022 par le cabinet Global Contact.
Même si les effectifs féminins du secteur du numérique, dans l'hexagone, sont remontés de 12% à 17% entre 2018 et 2020, le plafond espéré des 20% de femmes dans la Tech dans les entreprises demeure un vœu pieux.
Le bilan de la proportion des femmes dans la Tech n'est guère plus réjouissant dans l'entrepreneuriat. Selon le baromètre 2020 du collectif Sista qui s'est donné comme objectif de réduire les inégalités de financement entre femmes et hommes entrepreneurs, plus de 90% des fonds levés cette année-là l'ont été au profit de start-ups fondées par des équipes entièrement masculines. Comment expliquer cette sous-représentation des femmes dans un domaine comme la Tech qui va créer 232 000 emplois entre 2017 et 2027 dans les entreprises (source : Syntec) ?
Des femmes encore souvent absentes des postes de direction
Quant aux postes de direction, les chiffres sont là aussi sans appel pour un secteur qui se veut innovant et inclusif. En 2022, 22% des postes dirigeants des entreprises du FrenchTech120 étaient occupés par des femmes, 13% pour le noyau exécutif. Ces chiffres sont encore plus faibles si l'entreprise a été fondée par une équipe exclusivement masculine.
Enfin, 23% des entreprises du FrenchTech120 n'avaient aucune femme sur les 11 postes dirigeants du périmètre (source : étude BCG x Sista), et 51% ne comptait aucune femme dans le noyau exécutif de leurs postes de direction (CEO, CTO, CFO, CRO, COO, CPO).
L'orientation professionnelle, une histoire de genre ?
La proportion d'étudiantes au sein des formations scientifiques dans le supérieur demeure toujours marginale. D'après une enquête d'IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France), la féminisation des promotions en école d'ingénieurs s'élève en moyenne à 28% des effectifs. Ce manque de parité est le fruit plusieurs facteurs, et notamment des stéréotypes genrés intégrés dès l'enfance, qui voudraient que les petites filles soient destinées à des carrières plus littéraires, ou liées aux métiers du soin aux autres.
Selon une enquête Ipsos sur la féminisation des métiers datant de 2021, 61% des garçons sont encouragés par leurs parents à s'orienter vers les métiers du numériques, contre 33% des filles. Pourtant, dans l'enseignement primaire et secondaire, rien n'indique que les garçons sont meilleurs en informatique ou en mathématiques que leurs camarades féminines.
Ces stéréotypes ont des conséquences réelles, puisque les femmes que l'on retrouve des années plus tard à un poste de direction au sein de la French Tech, exercent majoritairement dans les Ressources Humaines et le Marketing.
Au travail, des femmes toujours confrontées au sexisme et aux discriminations
Parmi les autres motifs de désaffection féminine vis-à-vis des entreprises de la tech figure bel et bien le sexisme ambiant.
D'après l'enquête, citée plus haut, du cabinet Global Contact, 46% des femmes travaillant dans le domaine du numérique ont déjà été victimes de comportements sexistes (propos discriminants, harcèlement sexuel) depuis le début de leur carrière. Soit 8 points de plus que dans les autres secteurs.
En 2017, un responsable du géant numérique Google avait osé publier un « mémo » à destination des employés, justifiant l'absence de femmes aux hauts postes dans l'entreprise par des… différences biologiques. Plus largement, 67% des femmes travaillant dans le domaine de la tech ont le sentiment d'être injustement payées par rapport à leurs collègues masculins, et 60% des femmes ingénieures estiment que les hommes sont avantagés dans leur carrière.
Même si les schémas sociétaux évoluent à grande vitesse en France et ailleurs, les femmes ont souvent à leur charge la stabilité de leur vie de famille, au détriment de leur carrière. Largement répandus dans le secteur de l'IT, les statuts de free-lance et d'auto-entrepreneur ne recueillent pas leurs faveurs et elles privilégient le salariat (à 64%) en raison de la sécurité qu'il procure (étude Michael Page Technology/Choose Your Boss, 2021). Une proportion qui atteint même 73% chez les femmes de plus de 35 ans.
Une féminisation du secteur qui progresse malgré tout
Si le panorama de l'emploi des femmes dans l'univers high tech n'incite guère à l'optimisme, il existe quelques motifs d'espoir. Bien qu'encore minoritaires dans le secteur de l'IT, les femmes s'orientent plus volontiers que les hommes (7% contre moins de 3%) vers les métiers émergents de la Data (Data Analyst, Data Scientist...), selon l'étude Michael Page Technology/Choose Your Boss.
De même, si seulement 56% des femmes comptent plus de 10 ans d'expérience dans le secteur du numérique aujourd'hui (contre 74% des hommes), la proportion des jeunes femmes entrantes (3 ans d'expérience) s'élève à 21% contre 9% chez les hommes.
Le baromètre BCG x Sista permet également de constater un mouvement certain de féminisation des entreprises, avec une hausse de 9 points en trois ans de la diversité de genre au sein des équipes fondatrices des startups. A ce rythme, la parité pourrait être atteinte en 2055, soit 35 ans plus tôt que ce qui avait été calculé en 2019. Bien que le chemin à parcourir reste long, le baromètre souligne que les enjeux de diversité aux postes de direction semblent mieux intégrés par les entreprises les plus récemment créées.
Afin de lutter contre le problème de sous-représentation féminine, outre la nécessité d'inverser le discours dominant qui véhicule volontiers des stéréotypes de genre sur l'inappétence supposée des femmes pour les technologies, il est important de développer un meilleur accès au mentorat ou au coaching et de mettre en avant des modèles auxquels les femmes pourront s'identifier.
C'est notamment ce à quoi s'emploient les nombreuses associations et réseaux, souvent nés à l'initiative de femmes, qui se sont créés ces dernières années et dont l'objectif est de promouvoir davantage de mixité dans les métiers du digital, et à terme, d'instaurer une réelle parité. A l'image de l'association Femmes@Numériques créée il y a 4 ans et qui a pour ambition de faire du secteur numérique une « industrie inclusive, mixte et égalitaire ».
Même ambition pour Cyberelles, une association fondée en 2001 par des pionnières du digital et qui s'est constituée en tant que réseau d'entraide au féminin. Elle aussi fermement engagée dans la promotion de la diversité et de la visibilité des femmes dans le monde du digital, l'association Digital Ladies & Allies, originellement féminine a été rejointe par des hommes et agit à l'échelle nationale comme internationale.
Mentionnons également le mouvement Women in Tech, qui œuvre au niveau mondial pour favoriser la diversité et l'inclusion dans le secteur de la tech.
Chez Orange, nous sommes convaincus que la mixité est un puissant levier de performance économique et sociale. Nos engagements et nos actions sont nombreux en faveur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, au sein du Groupe et notamment dans les métiers techniques et du numérique.