En 10 ans, le sentiment de discrimination a gagné 5 points, avec le sexisme et l’origine en motifs dominants. Quel constat pouvons-nous en tirer et comment agir pour lutter en entreprise ?
Au début du mois de juillet 2022, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a publié une étude qui révèle que 19 % des 18-49 ans ont subi des discriminations en France entre 2019-2020 contre 14 % entre 2008-2009. Ces discriminations sont généralement vécues dans le cadre professionnel, à l’embauche ou en entreprise, mais également dans la sphère publique.
Aujourd’hui, les sociétés ont le devoir de se former sur le sujet pour éliminer les biais menant à des discriminations. Ce sujet propre à une politique RSE et RH est d’autant plus important en entreprise pour maintenir un climat de travail sain et inclusif sur du long terme.
Le sentiment de discrimination en France : un état des lieux
Femmes : le motif sexiste prédomine
Le motif sexiste se place désormais devant l’origine, la nationalité et la couleur de peau pour les femmes contrairement aux hommes. C’est donc le tout premier facteur de discrimination qui les concerne. Et force est de constater qu’il a quasiment doublé en une décennie : les femmes sont 46 % à évoquer des comportements sexistes en 2019, contre 28 % en 2009 selon l’étude de l’INSEE.
La discrimination fondée sur l’origine toujours forte
À caractéristiques égales, l'origine est le principal motif discriminatoire pour les hommes et les femmes. Dans son rapport d’analyse, l’INSEE précise que ce type de discrimination concerne les personnes qui font partie d’une famille d’immigrés sur une ou deux générations. Parmi les catégories les plus touchées par ce motif de discriminations, nous trouvons les personnes d’origine de pays d’Afrique subsaharienne ainsi que les natifs ou descendants de personnes d’outre-mer.
Les autres catégories de discrimination
En plus des motifs basés sur le sexisme et l’origine, l’INSEE comptabilise d’autres catégories de traitements inégalitaires en France comme l’âge, motif de discrimination en augmentation chez les femmes, ou encore la religion, le lieu de résidence ou le quartier ainsi que l’état de santé ou le handicap.
Entreprises : luttez contre les traitements inégalitaires
En décembre 2021, l’Organisation internationale du travail (OIT) a publié les résultats de son enquête annuelle sur l’exposition des travailleurs de 18 à 34 ans aux discriminations dans le cadre professionnel. Les données sont alarmantes : une personne sur deux déclare avoir été personnellement témoin de discrimination ou de harcèlement discriminatoire au travail.
Face à ce constat, s’impliquer dans une démarche RSE pour lutter contre les discriminations est primordial afin de prendre des décisions d’entreprise fondées sur des critères professionnels uniquement, et non sur des critères liés au sexe ou encore aux origines de la personne. Pour ce faire, vous pouvez déployer un plan de lutte contre les discriminations en entreprise, peu importe leur origine, avec les dispositifs suivants :
- Consulter et mettre en pratique les préconisations du Guide pour un recrutement sans discrimination créé par le Défenseur des droits. Ce guide permet d’identifier les pratiques de discrimination à l’embauche, d’avoir conscience du rôle des stéréotypes dans le biais discriminatoire lors des entretiens d’embauche pour un emploi, et de mieux assimiler les notions qui gravitent autour de la discrimination.
- Implémenter La Charte de la diversité en entreprise : ce texte de six articles vous engage à garantir la promotion et le respect de la diversité et de l’inclusivité au sein de votre entreprise réduisant ainsi le risque d’actes de discrimination et le risque d’avoir des traitements inégalitaires entre les individus.
- Prendre des décisions concrètes pour lutter contre les discriminations : grille de salaire égale et transparente, mentorat de personnes réfugiées, cadre adapté aux personnes à mobilité réduite, versement d’une partie des bénéfices à une association.
- Former ses équipes pour diminuer les risques d’actes de discrimination : pour les sociétés de plus de 300 salariés, une formation à la non-discrimination est obligatoire. Pour les TPE/PME, mettre en place ce type de formation reste hautement recommandé.
Par conséquent, déployer des actions concrètes en entreprise contre les comportements discriminatoires peut avoir un impact positif global sur la qualité de vie au travail. De même, comprendre cet enjeu et suivre l’évolution du sentiment de discrimination, de part toutes ses origines et ses formes, en France est indispensable dans l’implémentation d’une politique RSE efficace : d’après une enquête menée en 2017 par Hays, 38% des répondants considèrent que le soutien à la diversité, et donc la lutte contre les discriminations, passe par la RSE.