Avec le « no code » créer ses propres applications sans connaître une ligne de code pour développer son activité est aujourd’hui à la portée de tous. Pour les TPE ou les PME, l’utilisation de ces outils en « do it yourself » permet de concevoir des outils sur mesure, du site web au chatbot en passant par le CRM ou outil de gestion de stock, sans investir lourdement. Du site web au système d’information complet, presque tout est possible.
Dans son roman « Microserf » publié en 1995, l’écrivain Douglas Coupland imaginait une informatique inspirée des Lego. Avec ce système, il suffisait d’assembler des briques de programme déjà codées pour créer son système d’information en fonction de ses besoins. Un quart de siècle plus tard, ce qui était alors de l’anticipation est désormais une réalité tangible incarnée par des centaines de solutions disponibles, Airtable, Asana, Notion, Webflow entre autres. Que soit pour créer son site web, une application mobile ou encore un chatbot, l’éventail d’applications s’accroît chaque jour.
Le « no code » c’est quoi ?
Dans sa définition la plus simple, le « no code » est la mise à disposition en ligne de plateformes applicatives (Application Plateforme as a Service), chacune dotée d’une ou plusieurs fonctions personnalisables par glissé-déposé depuis une interface graphique ou wysiwyg (what you see is what you get).
Ces plateformes peuvent être interconnectées avec des applications tierces pour créer des applications complètes et automatiser des actions récurrentes ou non. Dernier point, pour leur mise en œuvre, elles ne nécessitent aucune installation.
À l’origine, le no code a été pensé pour développer rapidement des « mvp », soit un produit avec le minimum fonctionnel, pour valider une idée ou un concept. Avec le temps, ces applications no code sont beaucoup plus évoluées et répondent désormais à un besoin à la fois de rapidité pour proposer de nouvelles applications métiers, mais aussi à la création d’applications sur mesure en fonction de ses vrais besoins métiers.
En donnant à tout un chacun la possibilité de créer ses propres applications, le no code donne la main à l’utilisateur métier, mais surtout une véritable autonomie dans la création de ses outils nécessaires à son activité. En soi, ces outils sont un accélérateur de la transformation numérique pour des petites entreprises.
Quels outils sont disponibles en no code ?
Pour répondre aux besoins métiers, le portefeuille d’outils est pléthorique. Deux types de plateformes cohabitent : des outils intégrés pour concevoir le projet de bout en bout (Bubble, Zeraqode) ou des applications et modules, par exemple Stripe dédié au paiement.
Si de nombreuses applications se dédient à la gestion de projet, vous trouverez aussi bien des bases de données, des outils de productivité dont le très célèbre Notion pour la prise de notes et gestion d’agenda et projets, des plateformes pour faire votre site web avec Weebly ou Webflow, et pour finaliser votre site de e-commerce tout un panel applicatif est disponible pour la gestion des commande : paiement, newsletters, création de chatbots pour messenger ou directement sur votre site… Le stockage de vos données, clients, commandes, produits sera directement intégré dans un outil vedette comme AirTable ou plus simplement dans un classeur de Google Sheet grâce à l’interconnexion des différents outils. Pour faire un parallèle avec un système d’information, ces outils proposent à la fois le « front », ce qui est visible des clients, le « middleware », les outils d’automatisation pour réaliser les actions et collecter les données et le « back », les outils pour stocker la donnée.
Du e-commerce à l’IA : comment mon entreprise peut tirer parti du « no code » ?
Sur le papier, ce type de plateforme est très séduisant. Si vous êtes un entrepreneur, une petite entreprise ou une PME, le no code autorise la conception de votre propre plateforme métier ou d’une application monétisable. Si vous souhaitez développer rapidement un site de e-commerce par exemple, vous trouverez des outils dédiés à chaque étape : de la conception à la gestion de vos clients. Selon vos besoins et les volumes de vente, ce peut être plus simple que le recours à des solutions plus complexes à mettre en œuvre et surtout plus onéreuses.
Tout aussi simple, vous pourrez adjoindre une application mobile à votre site en utilisant un classeur Google Sheet pour la concevoir et la nourrir, et le tout en moins de 30 minutes (avec Glide ou Adalo).
À l’identique, si vous souhaitez expérimenter et utiliser de l’intelligence artificielle, certaines plateformes commencent à émerger, que ce soit pour nettoyer ses bases données, réaliser des prédictions sur les ventes voir même entraîner un modèle en utilisant le deep learning avec Ludwig.
Comment déployer un projet de no code ?
La création de vos propres applications est un projet à part entière. À ce titre, il vous faudra en amont de la réalisation, dans la phase d’idéation, suivre les règles de base de la conception et du suivi de projet. En commençant par décomposer le projet en objectif (vendre mes produits) en réfléchissant au moyen (faire un site de e-commerce) et les étapes pour atteindre votre objectif. Dans un second temps, il vous faudra suivre les règles classiques d’une gestion de projet en vous posant les bonnes questions en amont et évaluer les solutions disponibles pour atteindre votre but. Pour découvrir les outils disponibles, le site « quels-outils-nocode.fr » recense la plupart d’entre eux avec des conseils de mise en œuvre.
Le choix des outils est guidé par l’objectif, mais se fera en fonction de plusieurs critères, dont le coût (très variable) et la communauté : plus la communauté est étoffée, plus vous bénéficierez d’aide pour vous guider.
Avec le temps, de nombreux projets ont été mis en œuvre dans tous types de secteurs. De ce fait, des modèles (templates) sont assez faciles à trouver et à répliquer en l’état. Ces modèles peuvent servir comme base d’apprentissage, ou comme application prête à l’emploi s’ils correspondent à vos besoins.
Dans un premier temps, la meilleure solution est de concevoir une application minimale et de l’améliorer par itération selon votre propre courbe d’apprentissage des outils et de leurs possibilités.
Des bémols ?
Sur le papier, cet univers du no code présente des attraits et atouts indéniables. Des applications simples à concevoir, qui répondent à la plupart des fonctions nécessaires au développement de l’entreprise pour un coût raisonnable. En contrepartie de ces avantages, le principal investissement sera celui du temps. Il n’y a pas de miracle. Certes, il est inutile d’apprendre à coder en C++, en python ou en Java, mais la compréhension des fonctions, du mode de fonctionnement, des astuces, de chaque plateforme et de leur interconnexion demande une nécessaire courbe d’apprentissage, donc de temps à consacrer à la compréhension des outils choisis.
Du temps aussi pour bien penser votre « expression de besoin ». La versatilité des plateformes offre un vaste champ des possibles dans lequel il est facile de s’égarer. Pour éviter à la fois de perdre du temps et de concevoir une « usine à gaz », la méthode et la rigueur sont indispensables.
Si vous suivez ces recommandations, vous pouvez commencer par utiliser un outil no code de gestion de projet, Asana, Airtable ou Notion par exemple, pour vous initier à cet univers ou utiliser une plateforme d’application mobile pour créer votre propre clone d’AirBnB.
Des outils sérieux et d’avenir ?
L’explosion de ces plateformes peut poser de nombreuses questions. À la fois sur leur fiabilité et surtout leur pérennité. Sur le premier point, le conseil le plus sage est de vous tourner vers des solutions éprouvées par le plus grand nombre et à la vaste communauté. Sur le second point, la pérennité, les grands acteurs de l’informatique, de Microsoft à Oracle en passant par SAP, tous investissent ce segment, soit en investissant dans des startups no-code, soit en les rachetant à l’instar de SAP qui s’est ainsi arrogé la plateforme de développement d’application mobile appgyver. De plus, les valorisations de certaines entreprises comme Airtable, Webflow ou encore Unqork se chiffrent en centaine de millions de dollars et les investissements ne tarissent pas. Ce n’est pas une assurance absolue, mais un certain gage sur l’avenir.
Prêt pour le no code ?
En termes de coût/bénéfice, le ratio peut vite être positif. Avec ces plateformes, vous disposez d’une autonomie et d’une agilité pour concevoir des outils utiles à votre développement business. Ce peut être pour une phase transitoire avant d’opter pour des solutions plus lourdes lorsque votre activité le nécessitera. Mais dans l’intervalle, l’option no code est à regarder de près.