Déléguée générale de l'Union des auto-entrepreneurs (UAE) depuis sa création en 2009, Monique Sentey est, selon ses termes, « une militante pour la liberté d'entreprendre ». Auteur de deux ouvrages pratiques, « Auto-entrepreneurs lancez-vous ! » et « Le petit micro-entrepreneur » régulièrement réédités (Ed. Dunod), elle nous explique comment piloter au mieux son projet entrepreneurial.
Comment se porte le marché de la micro-entreprise en France ?
Monique Sentey : Il y a aujourd'hui 2,9 millions de comptes d'auto-entrepreneurs actifs en France. L'an passé, sur le million d'entreprises créées, tous régimes confondus, 62% étaient des auto-entreprises. Et chaque jour, environ 3.500 personnes s'immatriculent en auto-entrepreneur. Ça ne ralentit pas ! Les auto-entrepreneurs actifs représentent 11% de la population. C'est significatif.
Il n'y a pas de profil type. Il y a tous les parcours, toutes les sociologies, tous les âges. Nous croisons même des lycéens avec des idées extraordinaires sur des besoins nouveaux ! Ce qu'ils ont en commun, c'est qu'ils sont généralement au point sur leur métier avant de se lancer, mais rarement sur le pilotage de l'entreprise. Or c'est essentiel pour réussir, et c'est là que l'UAE intervient.
Quel est l'objectif de l'UAE ?
Notre mission est d'aider à la professionnalisation des auto-entrepreneurs. Après des premières années plutôt orientées sur la défense de ce régime spécifique, véritable révolution lors de sa création, nous sommes aujourd'hui vraiment dans le déploiement de l'aide à la structuration de projet pour les auto-entreprises.
Nous constatons auprès de nos 400.000 adhérents qu'il y a encore une grande méconnaissance de l'environnement économique, juridique, social, fiscal, et même numérique. Cela expose les auto-entrepreneurs à toutes sortes de risques, des erreurs administratives au piratage de leurs données... L'UAE leur apporte un socle de connaissances pour leur permettre de préparer leur projet et de le piloter au mieux. Nous les accompagnons à chaque étape, de leur idée de création jusqu'à leur retraite !
Comment cette aide se traduit-elle concrètement ?
En adhérant à l'UAE pour 49€ par an, nos membres bénéficient automatiquement et gratuitement de notre formation « Auto-entrepreneur », d'une valeur de 150€. En trois heures, elle donne tout le B.A. BA pour démarrer sainement. Nous expliquons le système social, une étape essentielle car un indépendant doit bâtir sa propre protection sociale. Et nous montrons qu'il est indispensable de bien définir son projet, son modèle économique, sa clientèle... bien avant d'aller chercher un numéro de Siret !
Nos adhérents peuvent ensuite, et je leur conseille, suivre la formation « Déclic d'entreprendre ». Un format inédit, importé du Québec, très en avance sur nous sur ce sujet. Pendant 2 semaines, les participants travaillent sur leur propre projet : leur vision, leur pitch, leur clientèle cible, leurs tarifs, leurs projections de vente... Du concret pour se lancer sans se tromper. La formation vaut 1.250€ et peut être prise en charge par Pôle Emploi ou le CPF .
Nous restons aux côtés de nos adhérents par la suite avec d'autres formations et rendez-vous réguliers... Et pour les accompagner encore mieux, nous allons déployer à partir de septembre des référents UAE dans plusieurs grandes villes comme Bordeaux, Lille, Marseille, Nice mais aussi dans des territoires comme la Normandie et en région parisienne.
Outre un manque de préparation, quels autres freins à la réussite identifiez-vous ?
Nous constatons une certaine méconnaissance du monde numérique en général. Cela rend les auto-entrepreneurs très vulnérables aux arnaques notamment. Un message vérolé, une url frauduleuse, un compte Instagram piraté... C'est traumatisant et coûteux ! Encore plus pour une toute petite entreprise encore fragile.
Au-delà de ces risques cyber, il y a un vrai besoin d'éducation sur les usages du web, d'apprentissage de « l'hygiène digitale » de base : avoir une adresse mail professionnelle séparée de son adresse personnelle, un numéro de téléphone dédié à son activité, de la même façon qu'on dissocie ses comptes bancaires professionnel et personnel. C'est en partant de ce constat qu'est née notre action avec Orange Pro.
En quoi consiste ce partenariat avec Orange Pro ?
Il repose sur deux volets : prévention et communication. La prévention, c'est toute la pédagogie autour des usages numériques. Expliquer le fonctionnement d'Internet et ses dangers pour permettre à chacun d'agir avec discernement. Nous avons prévu un programme de sensibilisation avec des webinaires où on aborde notamment les sujets de cybersécurité.
L'autre volet porte sur la communication. Les auto-entrepreneurs ont besoin de se connecter partout, tout le temps, et dans les meilleures conditions. Orange propose aux créateurs d'entreprise une remise de 30% sur les offres internet et mobiles, et sur une sélection de services, si leur numéro Siret a moins de 24 mois. De quoi permettre aux auto-entrepreneurs de débuter leur activité professionnelle avec les bons outils et réflexes numériques.
Pour les auto-entrepreneurs en devenir, quels sont vos conseils d'experte ?
Avant tout, bien préparer son projet. On ne se lance pas dans un marathon sans entraînement ! Il en est de même quand on débute une activité professionnelle indépendante.
Ensuite, ne pas rester seul. Rejoindre un réseau comme l'UAE, échanger avec ses pairs, s'entraider, s'organiser, se professionnaliser... Nos rencontres virtuelles mensuelles, chaque deuxième lundi du mois à 18h, ont un succès grandissant car elles permettent à chacun de poser ses questions et d'apprendre de l'expérience des autres !
Enfin, choisir des partenaires solides, comme l'UAE ou encore Orange Pro, capables d'être présents à vos côtés au quotidien sur le long terme.