La France compte 6,8 millions de personnes en situation de handicap, selon la Drees. Parmi elles, 1,2 million ont un emploi, soit 4,3 % des actifs français (5,66 % dans la fonction publique et 3,5 % dans les entreprises privées). Pourtant, la loi pour l'égalité des droits et des chances impose à toutes les entreprises d'au moins 20 salariés d'employer au moins 6 % de travailleurs handicapés dans leur effectif total.C'est ce que l'on appelle l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH).
Si les embauches de ces travailleurs en situation de handicap dans les entreprises augmentent lentement chaque année (39 % en 2023, soit +1 point en un an), leur taux de chômage reste plus élevé que le taux national (12 % contre un peu plus de 7 %), selon le tableau de bord “Emploi et chômage des personnes handicapées" publié par l'Observatoire de l'emploi et du handicap fin 2024.
Selon l'article L.5213-1 du Code du Travail, " est considéré comme travailleur handicapé toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par suite de l'altération d'une ou plusieurs fonctions physique, sensorielle, mentale ou psychique ". Cette définition souligne que la notion de handicap englobe un large éventail d'enjeux et de limitations : 80 % des personnes en situation de handicap présentent un handicap invisible, selon le 6e baromètre Agefiph/Ifop sur l'emploi des personnes en situation de handicap.
Il existe plusieurs classements permettant de définir les différents types d'handicaps comme la Classification Internationale des Handicaps (CIH) et la Classification Internationale du Fonctionnement du handicap et de la santé (CIF) définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et reconnue dans plus de 200 pays.
Encadré : CIH, OETH, TIH, RQTH : découvrez la signification des acronymes liées aux personnes en situation de handicap et au travail dans notre article.
En France, il est d'usage de classifier les handicaps selon cinq grandes catégories :
- le handicap moteur(mobilité et motricité) ;
- le handicap sensoriel (visuel, auditif) ;
- le handicap psychique (pathologies perturbant la personnalité : dépression, bipolarité...) ;
- le handicap mental (déficience intellectuelle) ;
- Le handicap cognitif (autisme, troubles “dys”...”)
A cette liste, s'ajoutent les maladies invalidantes : il s'agit de maladies dont les effets sur l'organisme peuvent évoluer dans le temps et générer un handicap (asthme, insuffisance rénale, allergies, diabète, épilepsie, etc.).
Comme évoqué plus haut, selon la loi de 1987 pour l'égalité des droits et des chances, les entreprises de 20 salariés et plus sont soumises à l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH), soit d'intégrer 6 % de personnes handicapées dans leur effectif total.
Depuis le 1er janvier 2020,toutes les entreprises, quelques soient leur taille, doiventdéclarer mensuellement les salariés handicapés qu'elles emploient. Cette DOETH (Déclaration obligatoire d'emploi des travailleurs handicapés) est intégrée à la déclaration sociale nominative (DSN).
Les chefs d'entreprise de plus de 20 salariés ont de surcroît l'obligation d'effectuer une déclaration annuelle et de payer une contribution financière à l'Agefiph si leur taux d'emploi de personnes handicapées est inférieur à 6 %. En cas de non atteinte de cet objectif, ils doivent verser une contribution financière à l'URSSAF ou à la MSA (Mutualité sociale agricole). Les sommes récoltées servent ensuite à financer différentes aides à la formation et à l'emploi pour les personnes présentant un handicap, mises en place par l'Agefiph et le Fiphfp
A noter : Bien que chaque entreprise soit soumise à l'OETH, la loi n'autorise pas la publication d'offres d'emploi exclusivement destinées à des personnes en situation de handicap. Vous pouvez cependant faire figurer dans votre annonce la mention suivante : " A compétence égale priorité aux travailleurs handicapés et autres bénéficiaires de l'obligation d'emploi. "
Les a priori autour du recrutement et de l'insertion de travailleurs handicapés en entreprise sont légion. A titre d'exemple, selon le 7e baromètre Agefiph/Ifop de décembre 2024, 73 % des dirigeants jugent difficile le recrutement d'une personne en situation de handicap. Un chiffre en net hausse par rapport à l'année dernière (62 %). A noter que cette difficulté est davantage perçue par les dirigeants de très petites entreprises (75 %) que par les dirigeants de grandes entreprises (41 %).
A noter : pour vous aider dans votre recrutement, vous pouvez faire appel à un établissement ou service d'aide par le travail (ESAT) ou une EA (entreprise adaptée).
En revanche, on note un changement de perception des salariés. 80 % des personnes interrogées voient surtout dans leur collaboration avec des personnes en situation de handicap une opportunité d'innovation dans les pratiques, sans que cela n'impacte leur quotidien (65 %).
Pour lutter contre les préjugés en entreprise, l'Agefiph a donc décidé de tordre le coup à 5 idées reçues très répandues :
- Un travailleur handicapé ne peut pas trouver de travail salarié en entreprise. Faux : plus de 80 000 personnes handicapées trouvent chaque année un emploi en France.
- Intégrer une personne handicapée coûte cher aux entreprises. Faux : seuls 10 % des recrutements nécessitent l'achat de matériel spécifique.
- Un travailleur handicapé est moins productif. Faux : la diversité des ressources humaines améliore la performance et l'expérience.
- Certains métiers ne sont pas accessibles aux personnes en situation de handicap. Faux : les entreprises emploient parmi ses salariés des personnes avec des handicaps divers, visibles ou non, à différents types de postes.
- Un salarié handicapé est souvent en arrêt maladie. Faux : le taux d'absentéisme des personnes handicapées est inférieur à la moyenne nationale.
Ainsi, intégrer des travailleurs handicapés dans votre entreprise, au-delà d'une obligation légale et d'une action en faveur de leur emploi, est aussi une opportunité de vous ouvrir à de nouveaux profils.