La grande démission a commencé aux Etats-Unis à l’été 2020, en lien avec la crise sanitaire. En France, les salariés suivent le mouvement. Petite tendance ou grand chamboulement du monde du travail ?

Appelée « Big Quit » ou « The Great Resignation » aux Etats-Unis, la grande démission inquiète : 43 millions de personnes auraient démissionné outre-Atlantique sur les 162 millions d’actifs !
En France, la Dares a enregistré, pour la seule année 2021, 1,6 million de démissions et, au 1er trimestre 2022, près de 470 000 personnes ont elles aussi, quitté collègues, patron et routine (soit une augmentation de 20 % de départs si on compare à fin 2019).

Comment expliquer ces départs massifs de salariés d’entreprises de toutes tailles ?

Mauvaises conditions de travail = démission

Initiée par les plus précaires, la grande démission est largement relayée par les réseaux sociaux (#QuitMyJob, #JeDemissionne) et par… la très influente Beyoncé avec son titre Break my soul, véritable incitation à lâcher son job.
La crise sanitaire est en partie responsable de ce phénomène. En France, les salariés ont apprécié leur cocon, particulièrement les hommes qui ont pu partager davantage de moments familiaux. Ainsi, la vie personnelle est devenue prioritaire. Le fameux Travailler plus pour gagner plus, déjà mal perçu à l’origine, a laissé la place au Travailler moins pour vivre mieux, titre du livre de la philosophe Céline Marty et nouvel adage.

Les raisons de la démission

Pour les sociologues, ces démissions en masse résultent d’un mode de management épuisant, toxique et source de nombreux burn-out ! Le stress au travail, qui vient s’ajouter à l’angoisse ambiante (Covid, guerre en Ukraine, changement climatique…), n’est plus admissible.
Côté salariés, rien ne va plus : manque de flexibilité (horaires, localisation), charge de travail, absence de sens, métier peu valorisé… L’insatisfaction a remplacé la motivation.
La démission (ou désertion) est ainsi devenue synonyme de reconstruction pour les salariés qui préfèrent, par exemple, œuvrer pour un monde plus solidaire.
Conséquences ? La donne a changé : avec la reprise économique (et un taux de chômage au plus bas depuis 1998), les candidats bénéficient de plus d’opportunités alors que les chefs d’entreprises sont contraints de se réinventer pour attirer, recruter et fidéliser les talents.

Face au désengagement des salariés, quelles solutions pour les entreprises françaises ?

Côté employeurs, c’est le désarroi face aux démissions et aux tensions de recrutement. Les métiers les moins rémunérés sont les plus représentés.
PME, TPE, savez-vous comment éviter ces départs qui entraînent une pénurie de compétences au sein de votre activité ?

Impliquer les salariés pour assurer la continuité

Pourquoi ne pas écouter avec empathie vos collaborateurs ? Vous en apprendrez beaucoup sur leurs aspirations et ils se sentiront considérés. A vous ensuite de proposer un cadre de travail en phase avec leurs attentes et d’instaurer des méthodes conçues avec eux.
En effet, le dynamisme actuel du marché de l’emploi (2022, année record avec 3 millions de projets d’embauches en France) nécessite, pour embaucher, que vous vous différenciez via des propositions concrètes et réalistes.

Chefs d’entreprises : quelle est votre plus-value ?

Autonomie, responsabilisation, confiance… Employeurs, êtes-vous flexibles et ouverts d’esprit ? Posez-vous les bonnes questions :
• Quelles sont vos valeurs ?
Quelle qualité de vie et de conditions de travail (QVCT) ?
• La rémunération est-elle attractive ?
• Des avantages en nature sont-ils prévus ?
• Quid de la reconnaissance de vos employés ?
• Quel management ? Transversal, top-down ?
• Instauration d’entretiens réguliers ?

Face à ce changement de comportement sociétal, votre entreprise mérite peut-être d’évoluer pour garantir son activité. N’oubliez pas, 63 % des démissionnaires ont agi trop rapidement. Place au dialogue !