Audrey Delort-Laval est la créatrice de  Mimitika, une marque de protections solaires made in France, sans ingrédients nocifs pour la santé.  Son credo : faire aimer la crème solaire aux adultes comme aux enfants ! Bien loin du greenwashing, Audrey nous parle des valeurs qui l'animent, et de la démarche RSE qu'elle met en œuvre au quotidien. La RSE n'est pas réservée qu'aux grandes entreprises, preuve en est avec Mimitika !
 

C'est quoi la RSE chez Mimitika ?

On ne se veut pas être une marque bio ultra green. Par exemple, pour le packaging, on ne peut pas éviter le plastique parce qu'on a des produits par définition nomades, que l'on transporte à la plage ou ailleurs. Et la crème solaire est également un produit fragile :  les filtres sont des composants qui sont très sensibles aux facteurs extérieurs. On ne peut donc pas non plus être une marque de vrac. Néanmoins, on essaie de faire du mieux que l'on peut pour s'améliorer, en prenant en compte nos spécificités et nos contraintes. Par exemple, nous avons de plus en plus de packs qui sont en flacons recyclés et recyclables. Ainsi, on augmente tous les ans la part de plastique recyclé dans nos emballages plastiques.  Côté production et fabrication, on développe et on fabrique tous nos produits en France exclusivement. La majorité des packagings et ingrédients sont également sourcés en France. Quand cela n'est pas possible, on élargit à l'Europe. Enfin, le dernier aspect social essentiel pour moi, c'est l'humain. J'attache la plus grande importance à ce que les personnes de mon équipe soient bien au quotidien, en termes d'ambiance, de charge de travail, de motivation et de cadre de vie au travail.

La RSE chez Mimitika recouvre plein d'aspects : le packaging, avec la question du plastique et du recyclage bien sûr, mais aussi le sourcing, le lieu de fabrication, le transport et bien entendu l'humain.

L'impact RSE était-il le point de départ de votre projet ?

Lors de ma dernière année d'étude en école de commerce, j'ai opté pour une spécialisation en « social business », autrement dit en « entreprenariat social et solidaire ». Je n'avais pourtant pas le projet de travailler dans ce secteur mais je souhaitais ajouter cette corde à mon arc. A l'époque, je savais déjà que j'allais travailler dans la cosmétique, et plutôt dans le marketing. J'ai ainsi entamé, il y a une dizaine d'années, ma carrière chez Chanel. A l'époque, on ne parlait quasiment pas de RSE dans cette industrie, on était vraiment aux prémices. Lorsque j'ai ensuite lancé Mimitika ces valeurs environnementales et sociales étaient bien ancrées en moi.  On a toujours fait du local, on a toujours construit des relations sur le long terme avec nos fournisseurs et dès le début, on a acheté des papiers qui venaient de forêts FSC éco-gérées. Mimitika ne se revendique pas marque « green » et on peut encore s'améliorer sur de nombreux aspects. Mais on essaie de travailler avec du bon sens et avec notre cœur pour que ce soit le meilleur possible pour l'environnement.

Quels sont les objectifs RSE que vous vous êtes fixés avec Mimitika ?

Pour les packs recyclés, nous aimerions arriver à quasiment 90% de flacons recyclés et recyclables. L'autre enjeu essentiel, c'est que tous nos produits qui sortent soient complètement recyclés et recyclables, horizon 2026.

Comment fonctionne le programme « Balance ta Crème Solaire » ?

En France seuls 25% des déchets plastiques sont recyclés, notamment parce que les 75% restants ne sont pas bien triés à la base ou parce qu'ils n'atterrissent pas dans le bon centre de tri. Nous souhaitons pouvoir améliorer ce qui peut l'être et c'est pour cela qu'en 2023 nous avons initié notre programme « Balance ta Crème Solaire ». Notre idée est simple. Nous récoltons toutes les crèmes solaires que nos clients n'utilisent plus, quelle que soit la marque. Nous les trions et nous assurons leur bon recyclage grâce à notre partenaire Reviplast. Il s'est par exemple engagé à décomposer les pompes des flacons fabriqués avec plusieurs types de plastique et de pièces en métal, pour ainsi s'assurer que chaque pièce sera correctement recyclée. Pour remercier nos clientes qui participent, nous leur offrons un bon de réduction de 15% valable sur tout notre site. L'objectif est de faire prendre conscience aux consommateurs que mettre le produit dans la poubelle jaune c'est très bien, malheureusement, aujourd'hui, ce n'est pas suffisant. Nous avons ainsi récolté plus de 500 flacons depuis juillet 2023.

Vos collaborateurs sont-ils impliqués dans la démarche RSE de l'entreprise ?

Nous avons toujours eu cette conscience partagée, cette volonté de bien faire, mais c'est vraiment il y a deux ans, que nous avons formalisé ces engagements. Dans ce cadre, nous avons organisé un grand team building, pour réfléchir tous ensemble à nos axes prioritaires. Nous voulions concentrer nos efforts sur des actions très concrètes et de les ancrer aussi dans nos comportements au quotidien. Cela commence par de petites actions :  machine à café en vrac plutôt que capsules, poubelle de tri, vélo pour se déplacer…. Et se poursuit avec des actions plus larges comme notre programme de recyclage ou des dons de produits solaires à des associations qui aident des familles en précarité à partir en vacances.

Comment mettre en place une stratégie RSE dans une structure qui est relativement petite ?

Ce qui est important, c'est que tout le monde se sente impliqué et partage cette sensibilité. Parfois, il nous arrive de challenger nos idées : « est-ce que cela fait partie de nos objectifs en tant que marque ? Est-ce que c'est concret ? Est-ce que c'est durable ? ». Par exemple, tous les ans, on offre un cabas avec les commandes à partir d'un certain montant d'achats. Il est très joli et fabriqué en coton, bio, etc. Néanmoins, cela reste un goodie que l'on envoie. Aujourd'hui il est possible de le refuser au moment de la commande.

Quelles sont les difficultés que vous n'aviez pas anticipées ?

L'aspect financier. Si on prend l'exemple du packaging : cela revient à près de 25% plus cher de faire des produits en pack recyclé et recyclable qu'en plastique neuf. Donc on peut toujours se demander : est-ce que ça a vraiment une importance pour le consommateur ? Est-ce qu'il a vu sur mon picto que le flacon était recyclé ? Sincèrement, je ne pense pas. Il n'y a pas de retombée économique immédiate de ces investissements. Je suis pourtant intimement convaincue que c'est la bonne voie, et de surcroît nous n'avons pas le choix aujourd'hui. Lorsque l'on communique sur ses engagements RSE, on prend forcément le risque d'être critiqué puisque nous ne pouvons pas être sur un résultat complètement parfait au niveau écologique.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu'un qui souhaite initier une démarche RSE ?

C'est important de revenir aux missions et aux valeurs originelles de l'entreprise. Typiquement la mission de Mimitika est de protéger les gens du soleil, leur faire utiliser et aimer la crème solaire, rendre sa pratique agréable et efficace. Et c'est là que l'on se rend compte que si on avait des packs moches, rayés avec des étiquettes qui se décollent, mais rechargeables, cela ne collerait pas avec la marque.  Donc il ne faut pas essayer de copier des initiatives que l'on voit ailleurs. Il y a de très belles initiatives, mais tout ne correspond pas à toutes les marques. Il faut vraiment identifier ce qui est pertinent pour la marque. La sincérité et l'honnêteté de la démarche me semblent être des éléments fondamentaux pour une stratégie réussie.