Un appel vidéo d'un dirigeant d'entreprise, une consigne urgente d'un cadre, une déclaration publique apparemment filmée en direct... Et si tout cela n'était qu'une illusion ? Bienvenue dans le monde du deepfake, où l'intelligence artificielle brouille les frontières entre vrai et faux à une échelle inédite. Longtemps cantonnée aux effets spéciaux et à la satire, cette technologie d'hypertrucage a pris un virage dangereux : celui de la cybermenace professionnelle. Comment cette technologie est-elle née ? Quels sont ses risques concrets pour le monde des affaires ? Comment s'en prémunir efficacement ? Tout ce qu'il faut savoir.

Deepfake : définition

Pour saisir la portée de cette menace, il faut d'abord comprendre sa genèse. Les deepfakes sont le fruit de l'intelligence artificielle, et plus précisément d'une technique appelée les Generative Adversarial Networks (GANs), inventée en 2014 par le chercheur Ian Goodfellow.

Le terme vient de la contraction entre deep learning (apprentissage profond) et fake (faux). Concrètement, il s'agit de contenus - le plus souvent des vidéos, mais aussi des audios ou images - générés ou modifiés par des algorithmes d'IA, pour faire croire à une scène ou à des propos totalement fictifs.

Si l'idée initiale derrière ces technologies était purement scientifique, leur détournement à des fins malveillantes n'a pas tardé. On pense tout de suite à des vidéos détournées de célébrités, comme ce faux Barack Obama insultant Donald Trump ou ce Mark Zuckerberg vantant son pouvoir sur les données personnelles. Mais ces cas spectaculaires cachent une réalité bien plus sournoise : les deepfakes ciblant directement les entreprises.

Quels sont les risques de deepfakes pour les pros et les entreprises ?

Le risque le plus fréquent est sans doute la fraude par imitation. Grâce à un deepfake audio ou vidéo, un escroc peut usurper l'identité d'un manager pour demander un accès, valider un virement ou ordonner la transmission de données sensibles. Une attaque bien préparée peut contourner les systèmes classiques de validation interne... et coûter des milliers, voire des millions d'euros.

Au-delà de l'aspect financier, les deepfakes menacent la réputation et peuvent servir au chantage et à l'extorsion. La création de contenus compromettants, qu'ils soient personnels ou professionnels, et la menace de leur diffusion, peuvent placer une personne ou une entreprise sous une pression immense. Bien que les cas de pornographie non consensuelle ciblent souvent des célébrités, la technologie peut être utilisée contre n'importe quelle personne, portant atteinte à leur droit à l'image et à la vie privée, avec des conséquences psychologiques graves.

Autre menace : la désinformation ciblée. Une fausse déclaration diffusée sur les réseaux, une vidéo piégée publiée au mauvais moment, et l'entreprise voit son image entachée, sa communication parasitée, voire ses employés harcelés en ligne.

Comment reconnaître un deepfake ?

Commencez par scruter les mouvements du visage et du corps. Les deepfakes peinent souvent à reproduire la fluidité des micro-expressions humaines. Observez les yeux : un manque de mouvement naturel, des clignements trop rares ou au contraire trop fréquents, mais aussi une rigidité anormale peuvent être des drapeaux rouges. Les expressions faciales peuvent sembler figées ou ne pas correspondre à l'émotion supposée. Un sourire qui n'atteint pas les yeux est un indice courant.

Portez également attention aux incohérences physiques. Les images falsifiées se concentrent souvent sur le visage, laissant le reste du corps avec des proportions anormales ou des mouvements désarticulés. Les cheveux et les textures capillaires peuvent aussi sembler étranges, car la technologie a du mal à générer des détails réalistes comme des mèches désordonnées.

La couleur de la peau peut également révéler la supercherie. Des teints anormaux, pixellisés ou légèrement décalés de la réalité sont des signes fréquents. De même, les problèmes d'éclairage sont monnaie courante. Des ombres mal placées ou une lumière qui ne suit pas les contours du visage indiquent souvent une manipulation numérique.

Quant aux deepfakes audio et vidéo, la synchronisation défaillante entre les lèvres et le son est un indice majeur. Si les mots ne correspondent pas parfaitement aux mouvements des lèvres, surtout dans les phrases rapides, méfiez-vous. Les vidéos peuvent aussi présenter une clarté incohérente ou être saccadées.

Comment se protéger des deepfakes ?

La protection contre les deepfakes repose sur trois piliers essentiels pour les entreprises :

  1. Sensibilisation et formation des employés : il est essentiel de former les équipes à identifier les deepfakes et à réagir de manière appropriée. La formation à la cybersécurité est fondamentale pour que les employés se méfient des demandes inhabituelles et vérifient les informations.
  2. Renforcement des protocoles de cybersécurité : cela inclut l'amélioration des pares-feux, la mise à jour régulière des logiciels, l'utilisation de systèmes de détection d'intrusion avancés, la sécurisation des sites web, l'adoption de mots de passe robustes et uniques, l'authentification multifacteur (MFA) et des sauvegardes régulières des données.
  3. Utilisation de technologies anti-deepfake et d'authentification : des solutions émergentes comme le tatouage numérique des vidéos, l'utilisation de l'IA et de la blockchain pour des empreintes numériques inviolables, ou des programmes insérant des " artefacts " pour perturber les logiciels de deepfake peuvent être mises en place.

Si, malgré tout, votre entreprise est victime d'une attaque deepfake, il est impératif de documenter les preuves (captures d'écran, plateformes de diffusion, dates), de notifier les plateformes hébergeant le contenu, de contacter les autorités locales (pour les crimes financiers ou d'usurpation d'identité) et d'envisager une action juridique pour diffamation ou violation du droit à l'image. Pour gérer l'impact sur la réputation, engager une agence de relations publiques peut s'avérer précieux.

 
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