Dans plusieurs quartiers de la mégapole, l'indice de qualité de l'air (IQA) a largement dépassé au petit matin la barre des 1.000 points, trois fois plus que le niveau jugé dangereux pour l'homme.

La concentration en microparticules PM2.5 - les plus dangereuses car elles se diffusent directement dans le sang - ont atteint aux premières heures du jour jusqu'à 50 fois le seuil jugé tolérable par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ces chiffres ont baissé à la mi-journée mais sont restés très élevés.

Le Rajpath, la célèbre esplanade bordée par l'India Gate, un arc de triomphe dédié à la mémoire des Indiens morts au combat, est resté noyé sous un "smog" aussi dense qu'inquiétant.

"Si on a la santé, on peut survivre à Delhi mais si on n'est pas en pleine forme c'est impossible", a commenté, fataliste, pour l'AFP Kuldeep, 24 ans, ouvrier sur un chantier tout proche. "J'ai peur que d'ici quelques années Delhi ne soit plus vivable".

La capitale indienne subit chaque année, à l'aube de l'hiver, de dangereux pics de pollution.

Aux fumées quotidiennes produites par les industries et les véhicules s'ajoutent, à cette période, celles des brûlis agricoles pour créer un nuage que les températures plus froides et les vents plus faibles plaquent sur la ville et ses 30 millions d'habitants.

Selon l'OMS, la pollution atmosphérique peut causer des maladies cardiovasculaires et respiratoires ainsi que des cancers du poumon.

Malgré cette menace, de nombreux habitants de la ville ont vaqué normalement à leurs occupations.

- "Planter des arbres" -

"Je ne m'attendais pas à une telle pollution", a confié VP Nair, 25 ans, arrivé la veille de l'Etat du Kerala (sud). "Je ne ressens aucun inconfort mais j'ai pris la précaution de mettre un masque".

Une étude publiée en juin a établi que la pollution de l'air était responsable de 11,5% de la mortalité à Delhi, soit 12.000 morts par an.

Une autre étude publiée dans la revue médicale Lancet a attribué à la mauvaise qualité de l'air la mort de 1,67 million d'Indiens en 2019.

Le mois dernier, la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays, a ajouté l'air pur à la liste des droits humains fondamentaux et ordonné en conséquence au gouvernement d'agir.

Mais ces dernières années, les initiatives engagées par les autorités locales ont eu jusque-là peu d'effet.

Après avoir encouragé les automobilistes à couper leur moteur au feu rouge, la ville de New Delhi a testé en 2021 une tour de filtrage - vite abandonnée - et envisage désormais d'utiliser des drones pour pulvériser de l'eau sur les zones les plus polluées.

"Des mesurettes", ont aussitôt dénoncé des ONG de défense de l'environnement, qui pronent de "stopper les émissions à leur base".

"Il faut planter plus d'arbres pour faire reculer la pollution", a suggéré Bikramjeet Singh, 25 ans, un habitant de la capitale croisé par l'AFP. "Il y a très peu d'arbres au centre de Delhi. C'est la capitale mais elle n'est pas entretenue".

Les émissions de CO2 issues de la combustion des énergies fossiles atteindront un nouveau record cette année, a annoncé mercredi le Global Carbon Project, qui n'entrevoit toujours pas de pic clair du recours au pétrole, au gaz et au charbon.