1. Evitez de confier votre business plan (BP) dans son intégralité à votre expert-comptable. Faites-le intervenir sur les éléments financiers après avoir bouclé le reste. Vous pouvez même lui faire tout simplement revoir les chiffres que vous avez produits vous-mêmes.2. Méfiez-vous des promesses trop difficiles à tenir. Votre BP est revu par les investisseurs qui vont le discuter avec vous. Ce document peut même parfois être pris comme base de référence dans le pacte d'actionnaires.3. Si vous pensez qu'il faudra de nouvelles levées à terme, annoncez-le. Là encore, certains investisseurs vont considérer votre BP comme anticipant de nouvelles levées. Il est important que tout le monde soit en phase là-dessus dès le départ.4. Vous avez tout à fait le droit de vous rémunérer. Ce n'est pas une honte. Simplement, n'abusez pas bien entendu, et restez raisonnable ! Vous pouvez partir d'un salaire peu élevé et le faire évoluer dans le temps, en fonction d'objectifs que vous vous fixez, par exemple l'atteinte d'un niveau de chiffre d'affaires, la rentabilité. De toute manière, ce sujet sera abordé avec les investisseurs dans ce qui s'appelle le « management package ».5. Ne soyez pas pessimiste ! Il n'y a rien de plus désolant qu'un entrepreneur qui présente des projections financières pessimistes. D'autant que l'investisseur en face part du principe que vous avez tout fait pour lui montrer que la mariée était belle, quitte à la présenter sous des auspices trop favorables. Son réflexe naturel sera donc d'appliquer à vos prévisions un coefficient qui les diminuera. Imaginez donc si l'investisseur diminue vos prévisions les plus basses !6. Faites preuve de réalisme optimiste. C'est la seule manière que j'ai trouvée d'exprimer ce que l'on peut attendre de vous. Les projections doivent provenir d'hypothèses sur lesquelles vous devez être capable de vous justifier. Elles sont tangibles, faciles à comprendre et étayées. N'oubliez pas que vous avez tout de même intérêt à faire un peu rêver un investisseur.

Attention aux tableurs !

7. Ne modifiez pas vos projections de chiffre d'affaires en fonction de vos charges ! Voici une erreur très classique que l'on voit sur les BP mais aussi parfois dans les budgets de grandes entreprises. On cherche à lever un certain montant, car il faut investir en recrutements et autres dépenses. Mais en faisant le tour de tous les besoins, l'addition s'alourdit, malgré un chiffre d'affaires qui reste trop bas à votre goût. Dans ce cas, vous pourriez décider de chercher à lever plus ou à augmenter votre chiffre d'affaires afin de compenser le manque. Mon conseil est surtout de revoir l'adéquation des dépenses et des retours sur investissement, ligne par ligne. Vous êtes là pour créer de la valeur de manière professionnelle, et non pour faire mentir un tableur.8. Méfiez-vous des tableurs qui peuvent vous rendre très vite milliardaire. […] Quelle que soit l'hypothèse retenue, cette dernière doit être justifiée.9. Evitez de démultiplier les scénarios de projections. C'est souvent particulièrement lourd à lire et à comprendre. D'ailleurs, on constate que les scénarios ont tendance à s'emmêler et que vous avez beaucoup de mal à vous y retrouver lorsque l'on vous challenge. Vous pouvez tout à fait expliquer et justifier vos projections, puis proposer un « worst case scenario » afin de montrer que vous y avez pensé et que vous saurez prendre les bonnes décisions dans des situations difficiles.10. De manière générale, ne mettez pas trop de tableaux dans votre BP. Utilisez les annexes pour détailler autant de points que vous le souhaitez, et tenez-vous-en à l'essentiel pour ce qui concerne le BP lui-même.

La forme autant que le fond

11. Ne versez pas de dividendes ! Pour rappel, vos investisseurs voient à très court terme, exception faite de certains family offices ou business angels qui investissent sur le long terme. Vos investisseurs ne cherchent donc pas à toucher des dividendes, mais à sortir à cinq ans au plus tard. Plus les profits seront réinvestis dans votre entreprise, mieux ce sera.12. Privilégiez la gestion de la trésorerie avant celle du résultat. Si faire des profits est une bonne chose, s'assurer que l'on peut continuer à fonctionner avec sa trésorerie est encore plus important. On peut ainsi faire des profits, et ne pas encaisser assez vite les sommes que doivent les clients, mettant ainsi en péril son entreprise. C'est ce que l'on appelle en jargon comptable « ne pas être liquide ».13. N'annoncez pas les conditions de levée dans le document. Vous aurez tout le temps de discuter de ces sujets avec vos investisseurs plus tard.14. Faites bien attention à la forme ! Refaites vos calculs, corrigez les fautes. N'oubliez pas d'inclure une table des matières. Numérotez les pages. Pensez à intégrer des graphes et des illustrations. Attention aux répétitions excessives.15. Enfin et surtout : faites-vous relire ! Le mieux est de le faire relire par une personne de confiance, qui n'est pas impliquée dans le projet. Si elle a tout compris, vous êtes sur la bonne voie.