Dans une capitale grecque aux températures estivales caniculaires, l'eau recueillie sera utilisée dès l'été "pour nettoyer ou irriguer parcs et jardins", dit Katerina Apostolopoulou, responsable du projet de la société publique de distribution d'eau d'Athènes, Eydap et de la mairie de Chalandri.
Ce puits, de plus de 20m de profondeur, fait partie d'un réseau d'environ 300 puits de l'aqueduc d'Hadrien, achevé en 140 de notre ère, explique le géologue Yannis Dafnos en soulevant le lourd couvercle en fer.
Lié à "un canal situé sous l'aquifère, ce puits recueille l'eau infiltrée du sol", poursuit le scientifique. La pompe permet de transférer le liquide dans une citerne récemment construite.
"C'est une façon d'économiser l'eau potable", explique Katerina Apostolopoulou, rappelant que jusqu'ici il n'y avait pas de réseau d'eau non potable à Athènes.
Comme d'autres pays méditerranéens, la Grèce est frappée chaque été par une sécheresse prolongée entraînant de violents incendies de forêt.
Athènes, capitale de béton, souffre particulièrement de ces températures élevées qui peuvent dépasser les 40°C.
L'an dernier, l'Eydap a multiplié les avertissements aux Athéniens pour économiser le précieux liquide face à la baisse inquiétante des réserves d'eau potable, utilisée aussi à des fins non potables.
- "Un cadeau" -
"L'un de plus grands problèmes d'Athènes est le manque d'espaces verts", affirme à l'AFP George Sachinis, directeur de stratégie et d'innovation de l'Eydap.
La réutilisation de cet "ouvrage emblématique" romain est un "cadeau" car elle favorise justement la création d'espaces verts, selon lui.
"C'est l'un de plus importants aqueducs anciens en Europe", souligne-t-il.
Tombé en désuétude après l'époque romaine, l'aqueduc d'Hadrien, du nom de l'empereur romain qui a ordonné son édification, a été réutilisé à la fin du XIXe siècle et jusqu'au début du XXe.
Il fut de nouveau abandonné après la construction du barrage de Marathon à 42km d'Athènes et ensuite de Mornos, à 200km de la capitale, pour répondre aux besoins accrus d'une capitale densément peuplée qui compte 4 millions d'habitants avec sa périphérie.
Le projet de restauration d'une partie de l'aqueduc, co-financé par l'Union européenne, s'inscrit dans le cadre de "la promotion du développement viable à Athènes où le gaspillage de l'eau est fréquent", relève Christos Giovanopoulos, qui dirige le projet Cultural Hidrant à la mairie de Chalandri.
L'objectif est aussi de mettre en valeur l'importance archéologique et culturelle du monument.
Il y a quelques années, les habitants du quartier devaient faire des zig-zags pour éviter le puits de l'aqueduc situé alors au milieu de la rue, rappelle Giovanopoulos.
Quatre puits de l'aqueduc se trouvent dans l'enceinte même du stade Olympique d'Athènes, à un kilomètre du chantier.
Actuellement, l'espace public a été agrandi en intégrant ce monument dans une place avec des zones vertes.
A côté, un puits qui n'a pas d'eau est réservé à des visites archéologiques: une échelle permet au fond de l'édifice de découvrir des parties du conduit antique.
Pendant l'occupation nazie (1941-1944) puis la guerre civile, ce puits servait d'abri, rappelle Giovanopoulos.
- "Merveille" d'ingénierie -
L'aqueduc d'Hadrien, long de 24km, démarre au pied du mont Parnés, l'une de trois montagnes qui entourent le bassin d'Athènes et aboutit au pied de la colline de Lycabette, dans le centre d'Athènes, où se trouvait le réservoir romain et dont il ne reste que quelques parties.
En forme rectangulaire et d'une capacité de 500m3, ce bâtiment reconstruit en 1870 est décoré à l'intérieur d'une série de colonnes et d'arcs en pierre.
Tout au fond, dans l'ancien canal, "il reste quelques parties du toit construit par les Romains pour empêcher la chute des rochers dans l'aqueduc", explique Charalambos Sachinis.
"C'est une infrastructure élégante qui respecte et collabore parfaitement avec la nature", ajoute-t-il.
Cette zone du centre-ville doit être transformée, selon lui, en espace vert pour mettre en valeur "cette merveille archéologique et d'ingénierie".