Grand ménage sur les plates- formes. Satya Nadella, le nouveau patron de Microsoft, vient de prendre plusieurs décisions structurantes pour l'éditeur de logiciels, au milieu du gué dans sa délicate transition vers le mobile. D'abord, l'extinction de Windows XP. Le groupe cesse de maintenir le système d'exploitation grand public pour PC, lancé il y a plus de douze ans et qui n'est plus en vente depuis 2010. Il espère que les clients vont ainsi massivement adopter Windows 8, son nouveau système d'exploitation qui converge avec le mobile.La vraie révolution est ailleurs. Satya Nadella a annoncé la semaine dernière à la conférence des développeurs de Microsoft que le système d'exploitation mobile devenait gratuit. Plus précisément, Windows Phone est mis à la disposition de tous sans frais pour équiper les écrans inférieurs à 9 pouces : tablettes, smartphones et, à l'avenir, les objets divers et variés de « l'Internet des objets ». Intel a, notamment, présenté son processeur miniature Galileo, qui ne mesure que 5 millimètres de côté, et pourra faire tourner Windows Phone.

Part de marché d'abord

« Notre priorité est la part de marché, nous avons voulu créer un avantage concurrentiel », explique Laurent Schlosser, en charge du mobile chez Microsoft France. Aujourd'hui, Windows Phone ne détient que 4 % du marché mondial du smartphone selon IDC, derrière Android de Google (79 %) et iOS d'Apple (15 %). Certes, le leader est, lui aussi, « gratuit ». Mais en réalité, explique Laurent Schlosser, le constructeur doit payer un droit symbolique pour chaque mobile, puis régler de nombreux droits de propriété intellectuelle. Ainsi, les formats de compression MPEG-2 et MP3, indispensables pour l'image et le son, sont facturés quelques dollars par terminal. Et il y en a des centaines comme cela. Microsoft collecte des droits sur « 200 familles de brevets » exploités dans les mobiles Android, et ce n'est pas le seul à réclamer son dû aux constructeurs. C'est cette facture que Microsoft veut faire baisser pour les fabricants, explique Laurent Schlosser : « Contrairement à Google, nous prenons en charge le coût de l'ensemble de la propriété intellectuelle ».Le moment n'est pas choisi au hasard. Le rachat des terminaux de Nokia par Microsoft a obtenu, hier, le dernier feu vert réglementaire, celui de la Chine. Le fabricant de mobiles sera intégré au géant du logiciel avant la fin du mois. « Nos revenus sur Windows Phone vont de toute façon disparaître avec la fusion, commente Laurent Schlosser, donc nous avons voulu donner un signal clair au marché, mettre en avant notre écosystème complet et gratuit. » Depuis le Congrès mondial du mobile de Barcelone en février, Microsoft a fait une percée chez les constructeurs avec Windows Phone 8.1, en signant avec LG, Alcatel One Touch, Prestigio, Micromax et huit marques chinoises à gros volumes. La conquête passe par une simplification des prérequis techniques (par exemple, il n'y a plus besoin d'installer trois boutons spécifiques à Windows dans l'appareil).Par ailleurs, Microsoft joue la carte de la fluidité et de l'ouverture pour convaincre les développeurs. Ainsi, la promesse de convergence entre les plate-formes mobile et fixe commence à se réaliser grâce à un outil qui permet d'écrire les applications simultanément pour Windows Phone et Windows 8. Microsoft a également annoncé son intention de devenir un « très gros contributeur » dans le logiciel opensource. « Nous n'avons que 12 % de part de marché en mobilité plus PC. L'interopérabilité et l'ouverture nous offrent des opportunités gigantesques ! » explique Laurent Schlosser. La mue a démarré.