M. Blinken a effectué une visite éclair de moins de 24 heures à Bruxelles sur fond d'inquiétudes de l'Ukraine et de nombre de capitales sur le Vieux continent quant à la pérennité du soutien à Kiev après la réélection de Donald Trump, à laquelle s'ajoute une crise politique en Allemagne.

"Les forces nord-coréennes engagées dans la bataille et, maintenant, littéralement dans les combats: ce nouvel élément exige une réponse ferme et elle le sera", a déclaré le chef de la diplomatie américaine devant la presse, aux côtés du secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.

"Il s'agit d'un développement profondément et incroyablement dangereux", a-t-il ajouté, sans toutefois préciser comment les Etats-Unis et leurs alliés comptaient réagir.

Les Etats-Unis ont confirmé que des troupes nord-coréennes étaient engagées dans des opérations de combat dans la région russe de Koursk, dont une petite partie est occupée par les forces ukrainiennes.

Et ce n'est pas seulement la Corée du Nord, a indiqué de son côté M. Rutte. La Chine aide la Russie dans son "effort de guerre" contre l'Ukraine et l'Iran lui livre des armes, payées par Moscou, "ce qui aide l'Iran à continuer ses efforts pour déstabiliser le Moyen-Orient et même au-delà", a-t-il souligné en appelant à augmenter les dépenses de défense des Européens.

Antony Blinken, dont les jours sont comptés à la tête de la diplomatie américaine, a également martelé que l'administration Biden sortante comptait dépenser "chaque dollar à notre disposition" pour accélérer l'acheminement d'aide à l'Ukraine d'ici la fin de son mandat, et exhorté les Européens à "partager le fardeau".

"Nous comptons sur les Européens et d'autres à soutenir fermement l'Ukraine", a-t-il dit en citant l'envoi des véhicules blindés, des munitions pour armes légères et la défense aérienne.

Après son passage au siège de l'Otan, Antony Blinken s'est entretenu avec son homologue ukrainien Andriï Sybiga, qui a incité les alliés à "accélérer certaines prises de décisions cruciales" notamment en matière de défense aérienne. "La défense de l'Ukraine ne peut pas être mise sur pause", a-t-il martelé.

M. Blinken a aussi rencontré Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, et à huis clos Kaja Kallas, qui doit lui succéder dans quelques semaines.

- "Plus agressif" - 

Donald Trump, qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, entretient le doute sur ce qu'il fera concernant l'Ukraine. Mais il a remis en cause les dizaines de milliards de dollars dépensés par Washington en faveur de l'Ukraine - plus de 60 milliards de dollars en aide militaire depuis l'invasion russe en février 2022.

D'après la presse américaine, il a jeté son dévolu sur le sénateur républicain Marco Rubio pour être le prochain secrétaire d'Etat. Ce dernier a dénoncé le financement d'une "impasse" en Ukraine et appelé à mettre fin à la guerre.

En attendant, le président sortant Joe Biden cherche à accélérer la livraison d'aide militaire à l'Ukraine et continuer à mettre en place des mécanismes afin que les Européens assurent le relais.

L'Otan s'est déjà vue confier la coordination de l'aide militaire à l'Ukraine, assurée jusqu'alors par les seuls américains.

De l'enveloppe votée au printemps par le Congrès américain, il reste environ 9,2 milliards de dollars à attribuer, à savoir 7,1 milliards à puiser dans les stocks d'armements américains et 2,1 milliards pour financer des contrats d'achat d'armes, selon le Pentagone.

M. Blinken s'est, en revanche, abstenu de répondre à une exigence de longue date des Ukrainiens, à savoir la possibilité d'utiliser des missiles à longue portée livrés par les alliés pour attaquer en profondeur dans le territoire russe.

"En gros, il s'est agi de faire plus de la même chose, mais de manière plus agressive, pendant le reste du mandat de M. Biden", résumait un diplomate de l'Otan à l'issue de la réunion.