"C'est à ceux qui sont autour de cette table qu'incombe la tâche urgente d'éradiquer cette plaie qui fait honte à l'humanité", a déclaré le chef d'Etat brésilien Luiz Inacio Lula da Silva face aux dirigeants des plus puissantes économies de la planète réunis pour le sommet du G20 à Rio de Janeiro.

"Cette alliance naît au G20, mais elle est mondiale. Que ce sommet soit marqué par le courage d'agir", a-t-il ajouté.

L'Alliance globale contre la faim compte au total 148 membres: au-delà des nations signataires, l'Union européenne, l'Union africaine, 24 organisations internationales, neuf institutions financières et 31 ONG ont également rejoint ce groupe.

L'Argentine, seul pays du G20 absent de la liste de signataires au moment du lancement, y a adhéré peu après.

Le projet est ambitieux: atteindre un demi-milliard de personnes d'ici 2030, en donnant une dimension internationale au combat contre la faim et les inégalités.

Mais le défi est gigantesque, si l'on prend en compte que 733 millions de personnes ont souffert de la faim en 2023, soit 9% de la population mondiale, selon le dernier rapport présenté en juillet par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et d'autres agences onusiennes.

"La faim n'est pas due aux pénuries ou aux phénomènes naturels (...), elle est le fruit de décisions politiques qui perpétuent l'exclusion d'une grande partie de l'humanité", a tonné Lula.

L'Alliance vise à unir les efforts afin de dégager des moyens financiers ou de répliquer les initiatives qui fonctionnent localement.

"Je remercie le président Lula pour la création de l'Alliance globale contre la faim et la pauvreté. L'Allemagne a été le premier pays du G20 à adhérer à cette initiative et aujourd'hui, à Rio, d'autres grandes économies nous ont rejoints. C'est un signe important", a réagi le chancelier allemand Olaf Scholz dans un message en portugais sur le réseau social X.

- Cantines gratuites -

Parmi les engagements concrets déjà pris, la Banque interaméricaine de développement (BID) a annoncé vendredi une contribution de 25 milliards de dollars afin de financer des programmes "pour accélérer les progrès dans la lutte contre la faim et la pauvreté de 2025 à 2030".

L'Alliance prétend notamment mettre l'accent sur des programmes d'aide à la nutrition dans la petite enfance, de cantines gratuites dans les écoles et de soutien des petits exploitants agricoles. 

Rien qu'avec les programmes visant à augmenter le nombre de repas gratuits dans les établissements scolaires de pays pauvres, l'objectif est d'atteindre 150 millions d'enfants d'ici 2030.

Le gouvernement du Nigeria, déjà doté du plus important programme de repas en milieu scolaire d'Afrique, s'est engagé à doubler le nombre de bénéficiaires, de 10 à 20 millions d'enfants, en se fournissant notamment chez de petits fermiers locaux.

L'Indonésie va pour sa part lancer en janvier 2025 un nouveau programme de cantines gratuites, qui a pour objectif d'atteindre 78,3 millions d'enfants scolarisés en 2029.

Dans un message lu par le secrétaire d'Etat du Vatican, Pietro Parolin, qui le représentait à Rio, le pape François a salué cette coalition mondiale: "Il faut agir de façon immédiate et décisive pour éradiquer ce fléau".

Cette Alliance "pourrait être un tournant" mais "elle doit aller plus loin" en "répondant de toute urgence aux impacts dévastateurs du changement climatique sur les systèmes alimentaires du Sud global", a réagi l'ONG Oxfam dans un communiqué. 

- Combat personnel -

Pour Lula, la lutte contre la pauvreté est un combat personnel. Enfant, il a connu la faim dans son Etat natal du Pernambouc (nord-est), avant de partir avec sa famille pour la métropole industrielle Sao Paulo, où il a longtemps travaillé comme tourneur-fraiseur et s'est fait connaître comme leader syndicaliste.

Ses programmes sociaux avaient permis de sortir des millions de Brésiliens de la pauvreté durant ses deux premiers mandats (2003-2010), notamment grâce à la Bolsa Familia, une allocation versée aux familles les plus modestes à condition que les enfants soient scolarisés.

Mais il bénéficiait alors du boom des matières premières, tandis que son gouvernement est soumis à des contraintes budgétaires beaucoup plus fortes depuis son retour au pouvoir en janvier 2023.