Après six trimestres consécutifs de bénéfices en recul, le géant automobile a enregistré au troisième trimestre une perte nette de 1,07 milliard d’euros, selon ses résultats publiés jeudi.
Une première depuis le printemps 2020, au cœur de la crise du Covid-19. Et ce, malgré un chiffre d'affaires en hausse annuelle de 2,3%, à 80,3 milliards d'euros, porté par des livraisons mondiales progressant d'1%.
En comparaison, l'an dernier à la même période, le groupe avait dégagé un bénéfice de 1,6 milliards d'euros.
A la Bourse de Francfort, le titre perdait 1,52% à 10H15 GMT sur l'indice Dax.
- Porsche en panne -
Les vents contraires sont multiples pour le groupe de Wolfsburg (ouest).
Constructeur emblématique de la 911, Porsche, longtemps moteur des profits du groupe, a elle aussi plongé dans le rouge cet automne, pénalisée par le coût élevé de sa transformation et les retards accumulés dans le lancement de ses modèles électriques.
Autre fardeau: les droits de douane américains. Passés de 2,5 % à 27,5 % en avril, puis ramenés à 15 % en août, ces taxes continuent de peser sur les exportations de Volkswagen, malgré la présence d'une usine dans le Tennessee.
Ces droits de douane pourraient coûter à Volkswagen "jusqu'à 5 milliards d'euros sur l'année", a déclaré Arno Antlitz, directeur financier du groupe, lors d'une conférence téléphonique.
Les marques Audi et Porsche, parmi les plus rentables, fabriquent tous leurs modèles hors des Etats-Unis.
Le groupe avait déjà envisagé relocaliser une partie de la production de la marque Audi aux Etats-Unis, mais n'a pas divulgué plus d'indications lors de la conférence.
"Nous devons nous préparer à un scénario dans lequel les droits de douane resteront une composante de l'activité opérationnelle", a souligné M. Antlitz.
- 6 milliards d'euros d'économies -
Face à ces difficultés, Volkswagen avait déjà abaissé en septembre ses prévisions annuelles, visant une marge opérationnelle de 2% à 3% des ventes, contre 4% à 5% auparavant.
Au regard des résultats actuels, le groupe estime pouvoir atteindre la "borne haute de cette fourchette", a précisé M. Antlitz.
Cela dans l'hypothèse toutefois, "d'une disponibilité suffisante de semi-conducteurs", déclare le communiqué.
Les constructeurs automobiles européens sont frappés par une crise concernant le fabricant de semi-conducteurs simples Nexperia, qui menace l'approvisionnement de l'industrie européenne.
"Nous sommes tranquilles jusqu'à la fin de la semaine prochaine", a déclaré M. Antlitz, qui attend une solution "au niveau politique" à cette crise diplomatique entre les Pays-Bas et la Chine, tout comme son concurrent Mercedes-Benz.
Enfin, la faiblesse des marges des véhicules électriques a contribué à la chute des bénéfices.
Leurs ventes ont grimpé de 33% au troisième trimestre, mais ces modèles sont moins rentables, en raison du coût encore élevé des batteries.
Volkswagen mise sur son vaste plan d'économies, chiffré à 6 milliards d'euros d'ici 2030 toutes marques confondues, et sur une réduction drastique de ses effectifs en Allemagne pour tenter d'enrayer l'érosion de ses marges.
Les programmes de performance "commencent à porter leurs fruits", a assuré le groupe dans le communiqué.
Le groupe a lancé un plan de restructuration dès fin 2022 pour tenter de rattraper ses marges.
Sa marque VW prévoit la suppression de 35.000 emplois d'ici 2030 grâce à un plan social, soit 29% de ses effectifs en Allemagne, une première historique.
La faible demande pour les modèles électriques a conduit le groupe a suspendre temporairement la production dans deux de ses sites allemands cet automne.