"C'est l'affaire de tous, pas que des femmes", lance Peggy Plou, élue locale d'Indre-et-Loire, qui participait à Paris à l'un des multiples rassemblements organisés en amont de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes prévue lundi.

Ces manifestations colorées de violet ont rassemblé au moins 20.000 personnes, selon les chiffres des préfectures, les organisateurs revendiquant 100.000 participants au niveau national. A Paris, les estimations atteignaient respectivement 12.500 et 80.000.

"Avec le procès de Mazan, on voit que la honte doit changer de camp", estime la manifestante parisienne Peggy Plou au sujet de cette affaire à l'écho international, où une cinquantaine d'hommes sont accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari.

A Paris comme dans les autres villes de France, les cortèges - qui arboraient des panneaux tels "un métro toutes les deux minutes, un viol toutes les sept minutes" - étaient majoritairement féminins mais comptaient aussi nombre d'hommes et d'enfants.

- "Pas toutes seules " -

"On a tous un rôle à jouer, les hommes en particulier", observe à Marseille - 800 manifestants selon la police - Arnaud Garcette, 38 ans, qui travaille dans l’aide au développement. "On est à la source du problème et à la source des solutions aussi", ajoute celui qui est venu avec ses deux enfants.

Plus loin, une femme a barré sur une pancarte la phrase "protégez vos filles" pour préférer le slogan "Eduquez vos fils".

"Ma tante a été assassinée par son ex-compagnon il y a 25 ans dans ce qu'on appelait à l'époque un crime passionnel. Ce n'est plus possible! ", explique Sophie Régnier Carbonnell, 52 ans, à Toulouse où la préfecture a recensé 950 manifestants et l'association NousToustes31 quelque 3.500.

Ils étaient 1.500 (selon la préfecture) à avoir bravé la pluie à Rennes et près d'un millier à Lille: "En 2018, on n'était quasiment que des femmes. Aujourd'hui il y a, on va dire, 30% d'hommes. C'est vraiment une très bonne nouvelle", se réjouit Amy Bah, membre de  , dans le Nord.

Même satisfaction à Bordeaux où 1.600 personnes ont manifesté selon la préfecture, 3.000 selon les organisateurs: "Ça fait plaisir de voir un peu de diversité: ça montre qu’on n’est pas toutes seules à défendre la cause", juge Romane, 22 ans, regardant les quelques hommes et dames aux cheveux grisonnants.

- "Moyens dérisoires" -

"Depuis MeToo, il y a un vrai virage et il faut le prendre avec les jeunes", renchérit à Lyon Hélène Junique, 62 ans, croisée dans une manifestation qui a rassemblé 4.800 personnes selon la préfecture. 

L'appel à manifester contre les violences faites aux femmes - violences tant sexuelles que physiques, psychologiques ou économiques - émane de plus de 400 organisations et syndicats (Fondation des femmes, Planning Familial,  ...) et de personnalités comme Judith Godrèche, présente à Paris.

"Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires et en baisse", déplorent les signataires, réclamant un "sursaut".

En novembre 2017, Emmanuel Macron avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes une "grande cause du quinquennat". Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été instauré ainsi que des téléphones grave danger et des bracelets anti-rapprochement notamment. 

Des mesures saluées par les associations qui les jugent toutefois insuffisantes. "Aujourd'hui nous sommes très inquiets concernant le financement des associations", a souligné Sarah Durocher, présidente du Planning familial.

Les associations réclament un budget total de 2,6 milliards d'euros par an et une "loi-cadre intégrale" pour remplacer une législation actuelle qu'elles jugent "morcelée et incomplète". 

La secrétaire d’État chargée de l'Égalité femmes-hommes Salima Saa a promis "des mesures concrètes et efficaces" pour le 25 novembre. Ces mesures viseront entre autres à "améliorer les dispositifs d'aller-vers" les victimes notamment en milieu rural, renforcer "l'accueil et de la prise en charge des victimes" via une "formation des acteurs en première ligne", a-t-elle précisé.