"C'est ce qui me fascine le plus: faire cette connexion entre le Venezuela et la France. C'est un très grand honneur", a expliqué Philippe Gourdon, 70 ans, lors d'un entretien avec l'AFP à Caracas jeudi, jour de l'inauguration de l'exposition "Luminocinesis".

L'artiste se réjouit de pouvoir "montrer (son) travail et surtout connaître un peu le secret des grands maîtres" du cinétisme.

Avec Carlos Cruz-Diez, Jesus Soto et plus récemment Juvenal Ravello ou Elias Crespin, le Venezuela est historiquement l'un des foyers de l'art cinétique dans le monde. 

L'exposition, qui sera pendant six mois au musée Cruz-Diez avant d'être transportée à Maracaibo (ouest), la capitale pétrolière vénézuélienne, réunit photographies, croquis, ébauches, objets de design et tableaux fonctionnant avec de la lumière. 

- "Méditation" -

La première partie de la carrière de Philippe Gourdon a été consacrée à "designer sur des produits d'éclairage". "Après, j'ai travaillé pour les constructeurs automobiles sur les concepts car", les véhicules expérimentaux, rappelle l'artiste. 

Il est alors "un pionnier de l'utilisation des LED" en 2002, souligne le texte de l'exposition.

Au musée, ses tableaux plus récents sont exposés dans la pénombre pour mieux distinguer mouvements et lumières. 

"En simplifiant, dans l'art cinétique, vous avez des lignes:  vous vous déplacez, c'est vous qui faites votre mouvement. Moi, je fais du mouvement avec de la lumière", explique-t-il.

"Dans l'art cinétique, les moteurs sont très présents. Moi je n'utilise pas de moteur et j'essaye de retrouver le mouvement (...) sans bouger", dit-il.

Philippe Gourdon travaille avec des boîtes contenant des LED: "Je me mets devant mon ordinateur, je regarde mon œuvre et en temps direct, je choisis la vitesse, la couleur, les déplacements", détaille-t-il.

"Je travaille très souvent sur des animations lentes et beaucoup de gens me disent c'est un peu comme une sorte de méditation", résume-t-il. Avec des LED, "on peut travailler de deux manières différentes, soit c'est la discothèque, soit c'est des choses beaucoup plus calmes et ce que je cherche, c'est apaiser les gens et donner des impressions de plénitude".