Les cadres envisageant de quitter leur entreprise avec un gros chèque de départ ont intérêt à se presser. A compter du 1er juillet, date d'entrée en vigueur de la nouvelle convention d'assurance-chômage, négociée fin mars par trois syndicats (CFDT, FO, CFTC) et le patronat, bénéficier de fortes indemnités supra-légales de licenciement s'accompagnera d'une lourde contrepartie : l'allongement du différé d'indemnisation appliqué à un nouveau chômeur avant que l'Unédic ne commence à lui verser ses allocations mensuelles.
Recul du plafond de carence de 75 à 180 jours
Le plafond actuel de ce délai de carence, 75 jours, sera maintenu pour les licenciés économiques. Mais, pour les ruptures conventionnelles et les licenciements non économiques, il va être repoussé à 180 jours. Et si la refonte de sa formule de calcul sera plus favorable aux bénéficiaires de petits chèques de départ qu'aujourd'hui, c'est pour mieux concentrer les fortes économies attendues sur les cadres.L'étude d'impact de la future convention que vient de publier l'Unédic permet de mieux mesurer l'ampleur de l'effort imposé aux « cols blancs ». Sur l'ensemble des ouvertures de droits en 2012, la mesure aurait impacté l'indemnisation de 190.000 allocataires, indique-t-elle. De manière positive pour les 130.000 personnes ayant perçu un « petit » chèque (1.000 euros en moyenne) : leur différé aurait été ramené de 17 jours à 11 jours. Pour 20.000 autres personnes, parties avec 4.000 euros en moyenne, le délai de carence serait au contraire passé de 25 jours à 40. Mais c'est pour les 40.000 allocataires qui atteignaient le plafond de 75 jours que l'addition aurait été - et sera à l'avenir - la plus lourde, avec un différé moyen qui aurait plus que doublé, pour atteindre 162 jours. Au final, avec la nouvelle formule de calcul (le différé en jours sera défini en divisant le chèque touché par 90), toute personne touchant 16.200 euros ou plus d'indemnités supra-légales atteindra le plafond de 180 jours. Autrement dit, tout cadre partant avec quelques mois de salaire, phénomène classique, devra peu ou prou attendre six mois pour toucher ses allocations.Une économie de 600 millions d'euros
A elle seule, la mesure doit permettre, anticipe l'Unédic, d'économiser plus de 600 millions d'euros d'ici à la fin 2016, soit un tiers de l'ensemble des économies prévues sous l'effet de la nouvelle convention. Les cadres constituent ainsi, et de loin, la catégorie à qui l'effort le plus important est demandé... alors que, moins nombreux et moins longtemps au chômage, ils versent déjà 40 % des cotisations et ne touchent que 18 % des allocations. Le risque est bien que les ruptures conventionnelles, dont le succès ne s'est jamais démenti, en pâtissent fortement. « On a signé leur arrêt de mort ! », se désole un DRH du CAC 40. D'ici là, la course contre la montre est lancée. « J'ai deux fois plus de demandes en mai qu'habituellement, témoigne un autre DRH du CAC 40. Tout ceux qui envisageaient de partir cette année veulent le faire avant juillet ! »