Cette Coupe du monde 2014 a de quoi donner le tournis et pas seulement pour les fulgurances attendues des Argentin Messi et Portugais Ronaldo, les dribles déroutants du jeune Brésilien Neymar ou les passes millimétrées de l'Espagnol Iniesta. Car, côté vestiaire ou plutôt caisse, ce Mondial brésilien coupe également le souffle par les montants colossaux d'argent qu'il génère, en premier lieu pour l'instance tutélaire du football mondial, la Fifa.La Fédération internationale, qui engrange l'essentiel de ses revenus et finance de facto ses diverses initiatives grâce à sa compétition phare, devrait en effet enregistrer avec ce Brésil 2014 un nouveau montant de recettes record, de l'ordre de 4,9 milliards de dollars, selon sa dernière prévision budgétaire. A titre de comparaison, la Fifa, dont le financement est calé sur des périodes quadriennales correspondant au rythme de sa Coupe du monde, avait enregistré un total de produits de 4,18 milliards de dollars pour 2007-2010 toutes compétitions internationales confondues et de 2,63 milliards au titre de la précédente séquence, qui avait pour point d'orgue le Mondial allemand de 2006.De fait, la Fifa, qui s'attendait à un tassement de ses recettes, en raison de la crise économique, la traversait sans encombre : entériné en 2010, sa programmation financière pour 2011-2014 reposait en effet sur une estimation de total de recettes sur l'ensemble de la période de 3,8 milliards de dollars.
Six grands partenaires
Son rapport financier pour 2013, qui sera soumis pour approbation lors de son 64e congrès, qui se tient aujourd'hui et demain à São Paulo, témoigne d'ailleurs et de son modèle économique, qui repose donc sur la Coupe du monde de football, et de la prospérité de l'organisation helvétique. Sur un total de produits avoisinant 1,4 milliard de dollars l'an dernier, le Mondial brésilien pèse ainsi pour plus de 72 % des revenus avec les seuls droits TV (601 millions) et droits marketing (404 millions). En la matière, la Fifa s'appuie d'abord sur six grands partenaires : Adidas, Coca-Cola, Hyundai-Kia Motors, Emirates, Sony, enfin Visa. Par ailleurs, la Fifa, qui affiche un énième profit (72 millions), porte à nouveau le cumul de ses réserves à un niveau sans précédent, à 1,43 milliard de dollars, une somme multipliée par 19 depuis 2003 !A l'heure où la Fifa est plus que jamais éclaboussée par des soupçons de corruption, il convient de souligner que l'organisation, présidée par l'inoxydable Joseph Blatter, candidat à un cinquième mandat en dépit de ses soixante-dix-huit ans, n'a jamais autant investi dans le football. La Coupe du monde au Brésil lui coûtera ainsi, selon sa dernière estimation, environ 2 milliards de dollars, soit 44 % de plus que prévu il y a quatre ans et 54 % de plus que la facture - qui avait également « gonflé » - du Mondial de 2010.Au-delà de son propre financement, l'événement sportif le plus suivi - avec les Jeux Olympiques d'été - permet aussi à la Fifa d'engager diverses initiatives en faveur du développement du football sur la planète. La Fédération avait même prévu d'accroître son effort au cours de la période 2011-2014 pour le porter à 800 millions. Cet objectif ne sera a priori pas atteint au regard des investissements effectifs sur les trois premières années (543 millions).