Il s'agit d'un "bronze du Bénin", un objet culturel d'une valeur inestimable pillé dans l'actuel Nigeria il y a plus de 120 ans.
Il a été retiré de son lieu d'exposition mardi dans un musée de Leiden, aux Pays-Bas, pour être restitué à son propriétaire légitime. Les bronzes seront expédiés à Lagos à la mi-juin. Le musée remplacera sa collection par une exposition d'art contemporain.
Le Wereldmuseum (musée mondial) rend 113 de ces sculptures anciennes, alors que la pression monte sur les gouvernements et les institutions occidentales pour qu’ils restituent leurs butins dérobés dans un contexte d’oppression coloniale.
"Ces sculptures n'ont rien à faire ici. Elles ont été prises de manière violente et doivent donc rentrer chez elles", a déclaré auprès de l'AFP Marieke van Bommel, 50 ans, directrice du musée.
"C'est un exemple typique d'art pillé", a-t-elle ajouté.
L'histoire des bronzes du Bénin est aussi tragique que violente.
En 1897, neuf officiers britanniques sont tués durant une mission commerciale dans le royaume du Bénin (alors indépendant, situé au sud de l'actuel Nigeria).
La réaction britannique est féroce. Londres déploie une sanglante expédition punitive pour venger ses officiers. Les militaires tuent plusieurs milliers d'habitants et incendient la capitale du Bénin.
Ils pillent le palais royal et volent des centaines d'œuvres d'art, dont les bronzes du Bénin.
La plupart des bronzes, qui comprennent des sculptures et des plaques de laiton ornées, sont ensuite utilisés pour financer l'expédition, mis aux enchères ou vendus à des musées en Europe et aux États-Unis.
Et 128 ans plus tard, le Nigeria négocie toujours la restitution des bronzes dans le monde entier, avec des résultats mitigés.
Les Pays-Bas ont accepté d'en restituer 119 au total, dont six proviennent de Rotterdam. L'Allemagne a également commencé à rendre ceux qu'elle conservait.
En revanche, le British Museum de Londres a refusé de restituer une partie de sa célèbre collection, s’appuyant sur une loi adoptée en 1963 qui empêche techniquement le musée de restituer les trésors.
- Suivre l'exemple -
La directrice du musée, Marieke van Bommel, espère que l'exemple néerlandais sera suivi dans le monde entier.
"Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que cette collection n'a pas sa place dans les musées européens. Nous espérons que d'autres pays suivront cet exemple", a-t-elle déclaré.
Pour la directrice, la collection est inestimable : "C'est une valeur culturelle, nous ne lui avons donc jamais donné de prix".
Le musée de Leiden a également restitué des centaines d’objets à l'Indonésie, ancienne colonie néerlandaise, au Mexique et à une communauté des États-Unis.
Un accord a par ailleurs été conclu pour que quatre des bronzes restent à Leiden en prêt, afin que leur histoire continue à être racontée.
"Nous voulons parler de l'expédition, mais aussi de tout le sujet de la restitution", souligne Mme Van Bommel.
L'ancien président nigérian Muhammadu Buhari a déclaré en 2023 que les œuvres restituées seraient données à l'Oba, chef traditionnel de la région, et non à l'État nigérian.
Il est par ailleurs prévu de construire un musée à Benin City, dans le sud de l'État d'Edo, où les bronzes seront mis à l'honneur.