"On a beaucoup de flics sous forme d'alligators - vous n'avez pas besoin de les payer autant", a lancé le président américain en admirant les récentes installations à Ochopee, en limite du parc national des Everglades. "Je ne voudrais pas courir longtemps dans les Everglades. Ca gardera les gens là où ils sont censés être."

La construction - en une semaine chrono, vante-t-il - de cet "Alcatraz des alligators" indigne les détracteurs de la politique migratoire brutale de Donald Trump, qui qualifient le site d'"inhumain".

L'idée est-elle que les éventuels fuyards soient attaqués par des alligators ou des serpents? "Je suppose que c'est le concept", a répondu le républicain.

"Les serpents sont rapides, mais les alligators... On va leur apprendre comment échapper à un alligator, ok? S'ils s'évadent de prison, comment s'enfuir: ne courez pas en ligne droite, courez comme ça," s'est-il amusé en dessinant un zigzag avec sa main. "Et vous savez quoi? Vos chances augmentent de 1%."

Plus tard, Donald Trump a même avancé l'idée d'expulser des criminels qui auraient été naturalisés américains. "C'est controversé mais je m'en fiche complètement", a-t-il balayé.

- Cages grillagées -

Ce centre de rétention, fait de lits superposés alignés, enfermés dans des cages grillagées, sous des pavillons de toile blanche, a été édifié à la vitesse de l'éclair sur un ancien aérodrome des Everglades, zone marécageuse naturelle protégée du sud-est du pays.

Quelque 3.000 places y sont prévues, selon la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem.

Tant la Maison Blanche que les autorités locales l'ont surnommé "Alcatraz des alligators", en référence à l'ancienne île-prison de San Francisco que Donald Trump compte par ailleurs rouvrir. 

Si cet autre projet choc semble au point mort après que des responsables ont notamment estimé son coût exorbitant, "le travail de conception a commencé il y a six mois, et plusieurs entreprises de développement de prison étudient comment faire avec nous. C'est encore un peu tôt, mais très prometteur", a affirmé l'ex-homme d'affaires new-yorkais sur sa plateforme Truth Social.

"N'utilisez pas la nature comme arme", "ne touchez pas à mon marais": des manifestants opposés à Donald Trump se sont eux rassemblés devant le centre floridien ces derniers jours.

- "Alligators et pythons" -

"Pourquoi voudriez-vous passer par l'+Alcatraz des alligators+ si vous pouvez décider de vous-même de repartir?", a interrogé le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis, qui a accueilli Donald Trump à son arrivée. "Beaucoup de gens vont prendre cette décision", a-t-il estimé.

Quelque 200.000 alligators, qui peuvent dépasser les 4 mètres à leur taille adulte, peuplent le parc national des Everglades et en font sa renommée.

Les attaques d'alligators contre des humains restent relativement rares en Floride. Entre 1948 et 2022, 453 "morsures accidentelles non provoquées" y ont été répertoriées, dont 26 mortelles, selon la Commission de conservation de la faune de Floride.

Mais les autorités américaines se sont employées à amplifier le risque.

"Si les gens sortent, il n'y pas grand-chose qui les attend, à part des alligators et des pythons", a encore affirmé le procureur général de Floride James Uthmeier.

Avant cet "Alcatraz des alligators", Donald Trump, qui a érigé la lutte contre l'immigration en priorité absolue de son second mandat, avait déjà fait expulser des migrants en situation irrégulière vers une prison géante au Salvador et d'autres à Guantanamo, une base militaire américaine à Cuba.

Sa visite en Floride survient au moment où le président républicain pousse pour faire adopter son mégaprojet de loi budgétaire, qui inclut le financement d'un vaste programme d'expulsions d'immigrés clandestins.

Les défenseurs de l'environnement dénoncent eux la construction du centre dans un écosystème naturel qui abrite plus de 2.000 espèces d'animaux et de plantes.