"Il faut être flexible", a justifié le président américain lors d'un échange avec la presse à la Maison Blanche, en reconnaissant que sa retentissante annonce d'un matraquage douanier généralisé la semaine dernière "effrayait un peu" les investisseurs, et les avait rendus "fébriles."
Il a en particulier indiqué avoir suivi le marché obligataire où la dette américaine, cette valeur refuge par excellence, a été vivement chahutée ces derniers jours.
Reprochant à la Chine son "manque de respect", Donald Trump a annoncé sur son réseau Truth Social porter "immédiatement" à 125% la taxe frappant les importations chinoises, qu'il venait déjà de faire monter à plus de 100%.
Il assure par ailleurs que "plus de 75 pays" se sont manifestés pour "négocier" une solution en matière commerciale.
Ces pays n'ayant selon lui pas "riposté" contre les Etats-Unis, Donald Trump leur accorde "une pause de 90 jours et des droits réciproques substantiellement réduits durant cette période, de 10%, également effectifs immédiatement".
Concernant la Chine, il a cependant dit qu'il "n'imaginait pas" devoir les augmenter une nouvelle fois. "Je ne pense pas que ce sera nécessaire. Vous savez, nous avons calculé ça avec beaucoup de précision", a-t-il ajouté.
Le Dow Jones et le Nasdaq ont terminé en trombe après cette annonce, l'indice technologique gagnant plus de 12%, le Dow Jones 7,87%.
- "Stratégie magistrale" -
Quelques heures avant cette spectaculaire volte-face, Donald Trump avait écrit sur Truth Social, en référence aux bonnes affaires à faire après la baisse des Bourses des derniers jours: "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".
Alors que les sondages montrent une défiance croissante des Américains envers leur imprévisible président, ses partisans ont tenté de le défendre.
"C'était sa stratégie depuis le début", a assuré le ministre des Finances Scott Bessent.
L'un de ses proches conseillers, Stephen Miller, a lui vanté la "stratégie magistrale" et "l'audace" de Donald Trump, qui a selon lui pour effet d'"isoler" Pékin.
Le républicain avait semé la panique dans les capitales du monde entier en annonçant il y a une semaine des surtaxes douanières sur les produits de 60 partenaires commerciaux, avec un traitement déjà particulièrement brutal de la Chine (104%).Ces droits de douane punitifs, suspendus donc sauf pour Pékin, ne sont donc restés en vigueur qu'une douzaine d'heures avant d'être suspendus, sauf pour Pékin.
- "Détermination" -
Visée depuis mi-mars par des droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium, l'Union européenne avait adopté mercredi ses premières mesures de riposte, soigneusement calibrées, contre plus 20 milliards d'euros de marchandises "made in USA".
Bruxelles s'était toutefois dite prête à suspendre ses droits de douane "à tout moment" en cas d'accord "juste et équilibré" avec Washington, cela avant que le président américain ne fasse marche arrière.
Le futur chancelier allemand, Friedrich Merz, a estimé mercredi que la décision du président américain de suspendre les augmentations de droits de douane prévues pour la plupart des pays était une "réaction à la détermination des Européens".
La bagarre douanière déclenchée par Donald Trump a conduit les économistes à alerter sur les risques de flambée de l'inflation et de récession.
La guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine pourrait réduire de "jusqu'à 80%" le commerce de marchandises entre les deux premières économies du globe et effacer "près de 7%" du PIB mondial sur le long terme, a mis en garde mercredi la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala.
Sans même parler de l'escalade diplomatique entre les deux premières puissances mondiales, dont la relation était déjà tendue.
La Chine a appelé mercredi ses citoyens à la "prudence" face aux "risques" potentiels d'un voyage touristique aux Etats-Unis.