Les corps de Morena Verdi et Brenda del Castillo, deux cousines âgées de 20 ans, et de Lara Gutiérrez, 15 ans, ont été retrouvés mercredi, enterrés dans la banlieue sud de Buenos Aires, cinq jours après leur disparition.
Selon le ministre provincial de la Sécurité Javier Alonso, elles pensaient se rendre à une fête. Elles ont en réalité subi, avant d'être tuées, une séance de torture diffusée sur un compte Instagram fermé de 45 personnes, apparemment pour servir d'exemple au sein d'un groupe criminel après un vol de drogue. Le mobile n'a toutefois pas été confirmé à ce stade.
Meta, propriétaire d'Instagram, a souligné samedi dans un communiqué à l'AFP n'avoir "trouvé aucune preuve que la diffusion en direct ait eu lieu sur Instagram". "Notre équipe continue de coopérer avec les forces de l'ordre dans le cadre de l'enquête sur ce crime horrible", a-t-il assuré.
"Beaucoup de préjugés dans la société montrent du doigt le travail qu'elles faisaient", a déclaré à l'AFP Federico Celedon, 26 ans, cousin de Brenda et Morena, en référence au fait qu'elles se prostituaient, ce que selon lui la famille ignorait.
"Dans la famille, on ne savait pas, on ne l'aurait pas permis, je ne sais pas quoi dire d'autre".
"Mais pour nous, elles étaient la famille, mais elles ont seulement été victimes d'un système qui ne leur laissait d’autre choix que d'accéder à +ce type de travail+ pour survivre (...) Devoir offrir son corps pour une nuit, deux nuits, un week-end ou le temps qu'il faut en échange d'un peu d'argent", a-t-il estimé.
- Mère d'un bébé d'un an -
"Elles ont eu la malchance, pris la mauvaise décision de faire ce genre de travail" et "de se trouver au mauvais moment avec les mauvaises personnes".
"C'est une erreur, tout a été une erreur depuis le début", s'est-il désolé. "On est très, très triste de la façon dont tout s'est déroulé".
Pour Federico, ce "triple féminicide" a été commis par des gens qui "profitent de femmes qui sont obligées de recourir à ce travail pour survivre".
Parlant à l'AFP à La Tablada, un faubourg populaire et défavorisé à 25 km de Buenos Aires, Federico a estimé que dans le quartier, "le problème de la drogue est très présent, mais elles (ses cousines) n'avaient rien à voir avec ça, j'en mettrais ma main au feu", a-t-il assuré.
Brenda était mère d'un bébé d'un an, que ses grands-parents vont recueillir, a-t-il précisé, à 40 mètres de la maison où vivait la jeune fille, avec des fresques géantes du pape François et de Diego Maradona sur des murs avoisinants.
"J'ai promis à la famille qu'on accompagnera le petit jusqu'au bout. On espère le voir grandir, et un jour lui parler de la mère qu'il a eue (..) une super maman".
"On veut que justice soit faite, justice pour les trois (...). Que les personnes chargées d'enquêter se bougent !", a conclu Federico Celebon. "Ce qu'ils ont fait à mes cousines, on ne le souhaite à personne".