L'avenir de cette élection posé
L'avenir de cette élection sera donc posé si le rendez-vous de cette année ne marque pas un retournement de tendance. Non pas dans son principe, imposé par l'obligation d'une égalité des droits quelle que soit la taille de l'employeur (rappelée fermement le Conseil d'Etat), mais dans ses modalités et en particulier le fait qu'il n'y a aucune obligation de fournir une liste nominative de candidats. Les plus grosses organisations de salariés essaient de s'imposer une telle contrainte malgré tout, mais l'exercice est particulièrement difficile tant les TPE sont un désert syndical. La première des difficultés pour les organisations de salariés est d'établir un contact avec cette partie du salariat qui est très peu organisée et peine à mesurer l'intérêt d'une élection qui, contrairement aux élections du personnel dans les entreprises, ne donne pas accès à des droits particuliers, à commencer par les oeuvres sociales. Il y a bien eu la création de Commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI), où siègent représentants des employeurs et des salariés, mais leur rôle est réduit à portion congrue du fait de la méfiance du patronat.Dans leur lutte contre l'abstention, les syndicats ont cependant reçu cette année le soutien d'un allié dans ce camp : l'U2P (Union des entreprises de proximité). « Nous avons décidé de nous mobiliser pour essayer d'apporter notre concours sur un sujet pas toujours compris par nos adhérents », a expliqué son président, Michel Picon, le 2 novembre. L'organisation des artisans, des commerçants et des professions libérales, a engagé un bras de fer avec ses homologues, Medef et CPME, pour revoir les règles de représentativité patronale. Elle a bien conscience qu'un renforcement du poids des salariés des TPE, côté syndicats, jouerait en sa faveur.Pour contrer la désaffection des électeurs, les modalités d'organisation du scrutin ont par ailleurs été simplifiées. Cette fois-ci, plus besoin d'attendre un sésame spécifique. Chaque salarié pourra voter avec son identifiant FranceConnect sur Internet, en plus de la possibilité toujours offerte de voter par correspondance.Les résultats seront prononcés le 19 décembre. Ils seront surveillés encore une fois comme le lait sur le feu en particulier par la CGT et la CFDT. Pour la centrale de Sophie Binet, le rendez-vous des TPE est du pain bénit : la centrale qui a perdu au global la première place sous Philippe Martinez y arrive traditionnellement en tête. Son avance, aussi faible soit-elle en nombre de voix, réduit celle de l'organisation de Marylise Léon pour le calcul de la représentativité syndicale au niveau national interprofessionnel. La CFDT a un autre enjeu depuis qu'en 2021, elle s'est retrouvée talonnée par la petite Unsa : recreuser l'écart avec la sixième organisation syndicale. Il faudra surveiller aussi le score d'un nouveau venu : le Syndicat des Gilets jaunes, inexistant dans les entreprises, qui n'a fait campagne sur aucune revendication, optant pour un « syndicalisme bashing » tous azimuts.
Il a obtenu le droit de se présenter avec un feuilleton juridique de plus de six mois qui s'est achevé à quatre jours du début de l'élection, le 21 novembre, par un deuxième arrêt de la Cour de cassation qui a tranché en sa faveur.