"Sur scène, c'est un petit peu les mêmes risques qu'il y a au théâtre. Chaque fois, c'est différent. En même temps, c'est le même show, mais pas vraiment", s'enthousiasme l'artiste de 22 ans, rencontré cette semaine par l'AFP aux Francofolies de La Rochelle.
Il retrouve aussi des similarités entre la musique et les vidéos YouTube, où tout a commencé pour ce natif de Lille, aux origines béninoises.
Dans les deux cas, "je pense que les gens aiment recevoir des énergies positives", estime le chanteur aux dreadlocks et style décontracté.
Après des années à créer des contenus sur internet, notamment avec trois autres youtubeurs dans leur studio angevin, Theodort a tranché: il a supprimé sa chaîne en 2024 pour se concentrer sur la musique, une passion qu'il poursuivait depuis longtemps.
"C'est sûr que c'est une autre approche, plus intrusive. Je me mets plus à nu", confie le jeune homme désormais parisien, qui a connu la notoriété dès ses années collège.
Sur scène, la musique prend "un tout autre sens, une tout autre ampleur", apprécie-t-il aussi.
Entouré de quatre musiciens et d'un DJ, Theodort apparaît très à l'aise devant un public des "Francos" enclin à se déhancher sur ses chansons comme "Toko Dombi" ou "Message audio".
Ces titres font partie de son premier album sorti l'année dernière, "Imad", certifié or (50.000 ventes) et qui renferme son plus grand succès jusqu'alors, "Wayeh".
"Je me suis concentré à essayer vraiment de trouver ce qui ferait ma patte. J'aime faire de la musique qui est dansante et solaire", explique Theodort, dont la saison des festivals se terminera au Golden Coast de Dijon en septembre.
- Vingtaine nostalgique -
Son projet a été plongé dans le bain de l'afrobeats, fusion ultime des sonorités africaines revendiquée par des stars mondiales comme Burna Boy, Oxlade ou Adekunle Gold, et incorporée de plus en plus au hip-hop francophone.
Il emprunte plus particulièrement à l'amapiano, une house hybride née en Afrique du Sud qui se distingue par ses nappes planantes.
Bienfaits de ce brassage intercontinental: mélodies envoutantes et rythmes qui balancent composent une musique "agréable à écouter au soleil" et idéale pour "retrouver le sourire", selon Theodort.
Mais l'artiste, qui s'est en parallèle essayé au grand écran avec le film "Sage-homme" (2023) et la série Netflix de Franck Gastambide "La Cage" (2024), ne veut pas trop s'enfermer.
Il vient de faire un pas de côté avec "Eté 2015", EP de trois titres où il se remémore souvenirs et sons de la décennie précédente, marquée par le décollage de figures du rap comme SCH, Jul ou PNL.
"Pour les 10 ans, j'avais un peu ce truc-là, nostalgique", glisse-t-il du haut de sa vingtaine. "Je vieillis, mine de rien."
Il apprécie toutefois l'évolution de la musique et loue notamment le travail de la révélation Théodora ("Kongolese sous BBL"), nourrie de "mille et une inspirations".
Entre internet et la démocratisation des outils de production, "on a la chance de pouvoir explorer plein de choses. Autant en profiter !", lance-t-il.
Pour autant, Theodort dit accorder "une importance de fou" au format album, qui comporte une intention et un ordre des morceaux bien précis.
"Je crois que je suis vieux jeu sur ça. Et que ça va me dépasser malheureusement", analyse-t-il, conscient que, pour sa génération, la découverte surgit souvent au gré des algorithmes de streaming ou sur TikTok.