Le rêve ne fait pas vivre mais il peut y contribuer. Isolée au milieu du Pacifique Sud, à des milliers de kilomètres de ses plus proches voisins, la Collectivité d'outre-mer (COM) de Tahiti regroupe quelque 268.000 habitants sur 118 îles disséminées sur une surface équivalente à celle de l'Europe. Même la plus grande d'entre elles, Tahiti avec ses 178.000 habitants, ne constitue qu'un petit marché intérieur.C'est donc en commençant par relancer le tourisme que le gouvernement tahitien, autonomiste, veut relancer l'économie pour donner du travail aux 25 % de chômeurs de sa population. La marge de progression est importante. Tahiti recevait 250.000 touristes en 2002 et ce nombre est tombé à 164.000 en six ans. En cause, essentiellement une forte instabilité politique et sociale locale (11 gouvernements en dix ans, 15.000 emplois perdus et une chute de 15 % du PIB) qui a ruiné le pays en décourageant touristes et entrepreneurs.Une nouvelle loi électorale a permis de retrouver l'an dernier des conditions plus favorables à la relance économique qui, faute de moyens, sera essentiellement financée par le privé. « Nous voulons retrouver en 2015 un niveau de 200.000 touristes et de 250.000 les années suivantes, puis 300.000 à terme, mais le tourisme de masse n'est pas notre objectif », expliquait, il y a quelques jours à Paris, Nuihau Laurey, vice-président de la Polynésie française en charge de l'économie. Dans un premier temps, Tahiti met en avant ses principaux atouts : sa culture, des paysages à couper le souffle et une nature préservée. D'autant que, comme l'éloignement renchérit tout, à commencer par l'énergie, certains hôtels sont en avance sur l'utilisation de panneaux solaires (30 % de l'électricité) ou de l'énergie tirée de l'océan.Paradoxalement, la crise a aussi contribué à restructurer le secteur par la disparition de certains acteurs. Le projet d'aménagement de quelque 35 hectares de Mahana Beach, à l'ouest de l'aéroport de Tahiti, a ainsi été débloqué. Il va permettre de construire de nouveaux équipements plus respectueux de l'environnement que ceux qu'ils vont remplacer… et d'accueillir davantage de touristes. L'investissement de 700 à 800 millions d'euros à réaliser par le privé au terme d'un concours international permettrait de créer 2.500 emplois. D'autres opérations du même type, plus modestes, sont aussi prévues au centre de la capitale, Papeete, et sur l'île voisine de Moorea. Le gouvernement a aussi d'importants projets de construction de logements et d'infrastructures avec l'extension de l'aéroport de Tahiti Faa'a et la mise aux normes internationales de celui de Bora-Bora. Le vieux projet de nouveau port pourrait même ressortir des cartons.

Ressources marines

A plus long terme, ce sont les ressources de sa vaste zone économique exclusive maritime qui doivent compléter le dispositif. Les produits de la pêche intéressent l'Asie et des Chinois seraient prêts à dépenser 1 milliard d'euros dans le cadre d'un programme de recherche sur l'aquaculture. La Polynésie n'a pas non plus renoncé à exploiter ses grands fonds marins. Outre ses nodules polymétalliques, riches en minerais, connus depuis des décennies, les Japonais y ont mis en évidence d'importants gisements de terres rares. Leur éventuelle exploitation suscite déjà l'opposition de défenseurs de l'environnement.