Les deux tiers (66,6%) du canton de Bâle-Ville (nord) sont favorables à l'utilisation de l'argent des contribuables à hauteur de 34,96 millions de francs suisses (37,4 millions d'euros) pour accueillir le spectacle en 2025 - la participation a atteint 57%.

Sans le financement de la ville hôte, l'événement télévisuel, qui attire une énorme audience mondiale, aurait été considérablement tronqué.

La Suisse a remporté l'Eurovision 2024 en Suède avec la victoire de l'artiste non-binaire Nemo et doit accueillir l'édition 2025 en mai dans cette ville rhénane, à la frontière de la France et l'Allemagne. Se basant sur les précédentes éditions à Liverpool et Malmö, en Angleterre et en Suède, les autorités espèrent 60 millions de francs de retombées immédiates.

L'Union démocratique fédérale (UDF), un petit parti défendant des "valeurs chrétiennes intemporelles", avait réuni suffisamment de signatures pour lancer un référendum pour dénoncer un "vrai gaspillage" d'argent public. Le parti, décrit comme ultra-conservateur par la presse suisse, avait aussi avancé des arguments sécuritaires et moraux.

Philippe Karoubi, membre du bureau de l'UDF a ainsi décrit le concours comme étant devenu "complètement instrumentalisé pour promouvoir des idéologies" comme "le wokisme" et les droits des transgenres. 

L'événement se tiendra le 17 mai, après des demi-finales organisées les 13 et 15 mai.

"Pour Bâle, le +oui+ veut dire que nous allons pouvoir accueillir à bras ouverts les visiteurs de Suisse et d'Europe, et proposer un programme fantastique", a indiqué à l'AFP Conradin Cramer, le chef du gouvernement cantonal.

- Pas d'élargissement d'autoroutes -

Dans toute la Suisse, les électeurs étaient par ailleurs appelés à se prononcer sur l'expansion des autoroutes du pays ainsi que sur les pouvoirs accordés aux propriétaires.

Un référendum a vu 52,7% des électeurs du pays rejeter un arrêté fédéral prévoyant trois élargissement de tronçons de l'autoroute A1 entre Genève et Lausanne (ouest) ainsi qu'aux environs de Berne, et aussi la construction de nouveaux tubes de tunnels à Saint-Gall (nord-est), Schaffhouse (nord) et sous le Rhin à Bâle.

"Les six projets concernant les autoroutes ne seront donc pas réalisés", a conclu le ministère des Transports. Ils devaient coûter 4,9 milliards de francs suisses (5,3 milliards d'euros).

Une alliance d'environ 50 organisations, soutenues par les partis de gauche et écologistes, avait lancé un référendum contre ces projets, jugés trop chers et engendrant encore plus d'encombrements et de pollution, selon eux.

Le Parti vert a qualifié le vote d'énorme victoire contre une politique de transport dépassée, affirmant que l'argent devrait plutôt être utilisé pour la protection du climat.

"La circulation est l'une des principales causes d'émissions de CO2 et joue un rôle direct dans le réchauffement climatique, comme la chaleur, la sécheresse et les inondations", a réagi la députée verte Delphine Klopfenstein Broggini dans un communiqué.

Pierre-André Page, un député du parti de la droite radicale UDC, s'est dit "choqué" par les résultats, alors que l'élargissement des autoroutes était soutenu par le gouvernement fédéral, le Parlement et le patronat, entre autres.

"Nous aurons bientôt 10 millions d'habitants. Et ces goulets d'étranglement vont encore augmenter", a-t-il déclaré à la télévision publique RTS. 

Les Suisses ont également rejeté deux projets distincts visant à donner plus de flexibilité aux propriétaires, l'un sur la résiliation des baux (à 53,8%) et l'autre sur la limitation de la sous-location (à 51,6%). 

Près de 60% des Suisses sont locataires. 

"Les résultats d'aujourd'hui sont une gifle pour le lobby immobilier, qui continue d'étendre son emprise sur le marché du logement en maximisant ses profits aux dépens des locataires", a déclaré l'Asloca, une importante association de locataires.