Même sans croissance, le taux de chômage s'est stabilisé en France au premier trimestre. L'Insee a annoncé hier qu'il se situait à 9,7 % en France métropolitaine fin mars et à 10,1 % en incluant les DOM. Si ce chiffre a stagné entre les trois derniers mois de l'an passé et les trois premiers de 2014, il a même reculé de 0,2 % par rapport au premier trimestre 2013.C'est l'éternelle histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Le gouvernement peut mettre en avant l'absence d'aggravation. Les autres décèleront toutefois quelques ombres au tableau. Pour Nicole Roth, chef du département de l'emploi à l'Insee, « ces chiffres envoient tout de même un signal mitigé car le chômage s'est certes stabilisé, mais reste à un niveau très élevé ». Le nombre de chômeurs a légèrement grimpé au cours du premier trimestre de 2014, augmentant de 23.000 personnes, à 2,8 millions.

Recul mécanique

Le nombre de personnes occupant un emploi a toutefois progressé, tout comme la population active, ce qui fait mécaniquement reculer le taux de chômage. Autre point noir, le chômage des jeunes est, lui aussi, reparti à la hausse : 22,9 % des personnes âgées de 15 à 24 ans étaient sans emploi en France à la fin mars, une hausse de 0,2 point en trois mois. Enfin, les personnes qui ne sont pas comptées comme chômeurs parce qu'elles ne cherchent pas activement ou ne peuvent pas reprendre un travail à court terme sont en forte augmentation. Ces Français inactifs sont désormais 1,4 million, soit environ 250.000 de plus qu'en 2008, date du début de la crise. « Certaines de ces personnes peuvent être découragées par la durée et l'ampleur de la crise. Elles ne se font plus d'illusions sur leur capacité à retrouver un emploi à court terme », explique Nicole Roth. Ce phénomène d'éloignement du marché du travail s'est observé dans d'autres pays comme les Etats-Unis.Pour le gouvernement, le problème du chômage reste entier. François Rebsamen, le ministre du Travail, a annoncé la création prochaine de 45.000 nouveaux emplois d'avenir en 2014. Mais en ces temps de disette budgétaire, il semble difficile d'envisager de nouveaux efforts.